Contrairement à d'autres pays qui font un large usage du dépistage du Covid-19, la France assume de limiter les tests aux patients suspects. Un choix qui suscite l'interrogation, notamment d'élus de l'opposition et d'internautes.
Qui peut être testé ?
En l'état actuel (stade 2), le dépistage doit être effectué après validation «par le SAMU et par un infectiologue référent», précise le site du gouvernement. Interrogé le 12 mars par 20 Minutes, Vincent Enouf, directeur adjoint du Centre national de référence (CNR) des virus respiratoires de l’institut Pasteur, explique que seuls les «cas probables» sont testés, c'est à dire les «personnes qui reviennent de zones à risques, les "cas contact", et les cas présentant les symptômes les plus graves».
Autres cas de personnes susceptibles d'êtres testées selon le chercheur, les personnes présentant des symptômes de Covid-19 dans des zones peu touchées par la maladie afin d'identifier de nouveaux «clusters».
La Direction générale de la Sante (DGS), interrogée par Le Figaro, précise : «Les personnes fragiles ou les professionnels de santé exposés à des cas avérés de coronavirus seront privilégiés.»
Comment s'effectuent les tests ?
Le test pratiqué en France consiste en un prélèvement via un écouvillon dans la gorge et le nez (nasopharyngé), ou un prélèvement des «voies respiratoires basses» si elles sont atteintes, qui sera ensuite analysé dans un établissement hospitaliers ou laboratoires qui disposent de machines sécurisées «de type P3», précisait Libération le 5 mars dernier. Toujours selon le quotidien il y aurait une cinquantaine d'établissements de ce type en France, dont le CNR qui effectue une centaine de tests par jour et apporte son aide aux hôpitaux dans les dépistages. Il faut attendre en général 3 à 5 heures pour obtenir les résultats du test.
Depuis le 7 mars, un arrêté du ministère de la Santé autorise les laboratoires de ville à faire eux-mêmes les prélèvements qui restent analysés dans les établissements de référence. Interrogé par Libération, Claude Cohen, président du Syndicat national des médecins biologistes, expliquait le 12 mars que ces tests pourraient être effectués sur «ordonnance de son médecin traitant», mais que pour l'heure le décret n'était pas applicable en raison des risques que présentait l'accueil de malades potentiels : «C’est le meilleur moyen de contaminer tout le monde», a déclaré le médecin au quotidien, estimant que seuls des prélèvements à domicile étaient possible, à condition d'avoir des «masques chirurgicaux», ou «masques FFP2», ce qui ne serait pas le cas actuellement. Un test en hôpital coûterait, toujours selon la même soruce, actuellement 135 euros payé par un budget spécifique alors que le test de laboratoire de ville sera remboursé à hauteur de 60% par la Caisse nationale de l’assurance maladie et coûtera 54 euros.
Plusieurs sociétés ont par ailleurs annoncé travailler à la mise au point de tests commerciaux, comme l'entreprise française spécialisée dans le diagnostic bioMérieux, mais aussi Novacyt, spécialiste mondial du diagnostic clinique ou la société française Eurobio Scientific. Aucun de ces tests n'est à l'heure actuelle autorisé sur le marché.