La Confédération générale du travail (CGT) a annoncé ce 3 mars qu'elle quittait la conférence de financement visant à réfléchir à des pistes pour équilibrer le système de retraites, «une mascarade» selon le syndicat.
«Ce gouvernement refuse le débat en nous expliquant qu'il a raison tout seul, je ne vois pas comment on peut continuer à discuter dans ces conditions», a déclaré le chef de file de la confédération, Philippe Martinez, au départ d'une manifestation à Marseille rassemblant quelques milliers d'opposants à la réforme des retraites.
Il n'y a plus aucun dialogue entre le gouvernement et la CGT
En conséquence, «nous avons décidé [le 2 mars au soir] d'officialiser notre départ de la conférence de financement», a ajouté le syndicaliste, au lendemain d'une décision similaire de Force ouvrière (FO).
«Nous avons décidé hier soir d’officialiser notre départ de la conférence de financement puisque nous avons des propositions au gouvernement, nous avons écrit au Premier ministre, et la réponse à été [le 29 février] le 49.3», a-t-il expliqué.
«Il n'y a plus aucun dialogue entre le gouvernement et la CGT», a-t-il déploré. Pour peser, le syndicat compte sur la poursuite de la mobilisation, et table sur «un rendez-vous important», le 31 mars, «dans l'unité des organisations syndicales» : «personne n'est fatigué et rien n'est terminé !», a ensuite lancé Philippe Martinez.
Dans un communiqué publié en même temps, la CGT a précisé qu'elle ne souhaitait pas servir «d'alibi dans une conférence où tout est joué d'avance» et pour laquelle elle estime avoir «fait des propositions concrètes et étayées». Pour le syndicat, le gouvernement choisit de recourir au 49-3 «en confisquant le débat démocratique sur le projet de réforme des retraites, tout en adressant un courrier aux partenaires sociaux, persistant sur ses objectifs de régression sociale».
FO avait quitté la conférence de financement la veille
La veille, FO avait décidé à l'issue d'une réunion de sa direction de quitter la conférence de financement pour équilibrer le système de retraites, car elle «ne permet pas de garantir la liberté de négociation», selon un communiqué du bureau confédéral. FO déplorait le fait que le Premier ministre avait «dès le départ fixé des contraintes inacceptables, comme le refus de mesures conduisant à augmenter le coût du travail, autrement dit le refus de l'hypothèse de l'augmentation des cotisations [sociales]».
Ce communiqué ajoutait également : «La cohérence amène FO à refuser de cautionner l'impasse à laquelle conduit cette conférence de l'équilibre et du financement – celle du recul à nouveau de l'âge de la retraite – et estime par conséquent le moment venu d'en sortir».
Initialement suggérée par la CFDT, la conférence de financement a été mise en place fin janvier par le Premier ministre Edouard Philippe. Chargée de ramener à l'équilibre le système de retraite d'ici à 2027, elle doit faire des propositions d'ici à fin avril. Les organisations syndicales et patronales ont démarré les travaux le 18 février, mais dès le premier jour sont apparues des crispations, notamment après qu'Edouard Philippe a écarté toute hausse des cotisations sociales patronales, au grand dam des syndicats.