France

Voulant la peine maximale, le parquet fait appel de la condamnation de la recrue d'Abaaoud

Après la condamnation à 12 ans de réclusion de Reda Hame, recrue d'Abdelhamid Abaaoud, le cerveau des attentats de Paris du 13 novembre 2015, le parquet national antiterroriste a fait appel. Il avait requis la peine maximale.

Le parquet a fait appel le 26 février de la condamnation la veille à douze ans de réclusion de Reda Hame, recruté en 2015 par Abdelhamid Abaaoud, cerveau du 13-Novembre, qui l'avait chargé de commettre un attentat. 

Le parquet national antiterroriste avait requis le 24 février la peine maximale, vingt ans de réclusion avec une période de sûreté des deux-tiers, contre cet ancien technicien en informatique de 34 ans. Reda Hame, qui est en détention provisoire depuis son arrestation à Paris en août 2015, a passé huit jours avec le groupe Etat islamique (EI) en juin 2015 en Syrie. Abdelhamid Abaaoud l'a formé à la kalachnikov pendant trois jours, puis l'a raccompagné à la frontière turque en le chargeant de commettre un attentat en Europe. Reda Hame assure avoir feint d'accepter cette mission pour quitter «le bourbier» syrien et rentrer en France. Reda Hame «rejoint la Syrie au moment où les plus acharnés, ceux qui vont frapper l'Europe, la France, partent», a déclaré la procureure lors de ses réquisitions. Il s'est comporté, a-t-elle estimé, «comme un soldat» qui «suit les instructions». «Pensez-vous qu'Abaaoud l'aurait choisi s'il n'avait pas perçu sa détermination ?», a questionné l'avocate générale. 

La cour d'assises spéciale a condamné ce Parisien, qui était selon ses avocats «un déserteur» du groupe Etat islamique, à douze ans de réclusion avec une période de sûreté des deux tiers. Il a été déclaré coupable du crime de participation à une association de malfaiteurs terroristes, en raison de «sa participation à des entraînements armés à Raqqa et de son adhésion feinte à une action criminelle de masse à commettre en Europe», selon les motivations du verdict, obtenues par l'AFP. 

La cour a retenu «son investissement pérenne» au sein de l'EI. «Mais rien ne permet d'affirmer que Reda Hame était déterminé à exécuter la mission confiée à lui par Abdelhamid Abaaoud», selon cette décision. La cour a également pris en compte «la courte durée de son séjour en Syrie, les déclarations circonstanciées et réitérées de Reda Hame sur sa propre responsabilité, un soutien familial stable et sécurisant, l'absence de mention à son casier judiciaire, son degré de formation lui permettant de pouvoir se projeter dans un avenir professionnel». La cour a aussi retenu des rapports de détention. Après un premier rapport largement négatif en 2016, un second, réalisé en janvier a conclu : Reda Hame «ne semble pas à ce jour présenter une adhésion à une idéologie violente ou un risque de passage à l'acte».