Comment le premier Français décédé après une infection au coronavirus a-t-il été contaminé ? Cet enseignant de 60 ans, testé en urgence à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière dans le XIIIe arrondissement de Paris dans un état gravissime et mort dans la nuit du 25 au 26 février, n'avait en effet pas voyagé dans une «zone d'exposition à risque», a souligné le directeur général de l'Agence régionale de santé (ARS), Etienne Champion.
De la même manière, le second patient dont le test positif au virus a été annoncé le 26 février, un homme âgé de 55 ans qui se trouve actuellement dans un «état grave» et est en réanimation au centre hospitalier universitaire d'Amiens, ne s'était pas non plus rendu dans des régions jugées à risque.
Les autorités cherchent par conséquent à comprendre où et comment ils ont été contaminés, d'autant que les deux hommes n'ont jamais été en contact. «Les investigations sont encore en cours à cette heure pour déterminer la source de ces deux contaminations», a ainsi fait savoir Etienne Champion.
Cellule de crise
Dans cette optique, une cellule de crise «travaille depuis [le 25 février] à l'identification des personnes avec lesquelles les deux patients ont été en contact rapproché», a-t-il précisé, qu'il s'agisse de leurs familles, des patients et soignants des autres hôpitaux dans lesquels ils avaient séjourné, ou encore des médecins généralistes qu'ils avaient consultés.
Selon qu'ils seront asymptomatiques ou non, les «cas contacts» seront soit invités à rester à domicile pendant deux semaines, ou immédiatement hospitalisés à l'isolement dans la région, dans l'attente d'un diagnostic précis.
Pour mener à bien la mission de recherche de «cas contacts» hospitaliers, un «plan blanc» a été déclenché à l'hôpital de Creil, dans l'Oise, afin de rappeler du personnel hospitalier. «Une évaluation du risque pour les soignants du service de réanimation a été menée en présence de Santé publique France et du Centre d'appui pour la prévention des infections associées», a également fait savoir l'ARS via un communiqué, dans lequel il est précisé que la fermeture du service de réanimation a été décidée pour 14 jours à l'issue de cette évaluation.
Le directeur général de l'ARS a par ailleurs «invité à se manifester auprès du 15» toute personne qui aurait été en contact avec l'enseignant décédé, et aurait développé des symptômes (fièvre, toux, difficultés respiratoires).
«Une autre pathologie»
En outre, ce 27 février, le chef du service de réanimation de la Pitié-Salpêtrière Alain Combes a déclaré, lors de la visite d'Emmanuel Macron dans l'hôpital, qu'«une autre pathologie a[vait] contribué à l'aggravation extrêmement sévère» de l'enseignant de 60 ans défunt. «Il n'est pas décédé directement et uniquement de cette maladie-là», a-t-il précisé, ajoutant : «Mais il est décédé aussi parce que cette première maladie a créé l'état qui a amené son hospitalisation à Creil et ensuite une évolution vers une pathologie qui a provoqué un arrêt cardiaque et donc son hospitalisation chez nous.»
La France a pour l'heure recensé 18 cas sur son territoire : deux morts (l'enseignant et un touriste chinois de 80 ans), 12 guérisons et quatre malades hospitalisés. «On a devant nous une crise, une épidémie qui arrive... On va devoir l'affronter au mieux», a prévenu Emmanuel Macron le 27 février, depuis l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière.