Agnès Buzyn peut-elle éviter le fiasco annoncé de La République en marche (LREM) à Paris ? Pour ce faire, la nouvelle candidate du parti présidentiel a décidé de tailler dans le programme de Benjamin Griveaux, qui a renoncé à se présenter après la diffusion de vidéos intimes à caractère sexuel.
Dans le JDD, où l'ancienne ministre de la Santé dévoile les grandes lignes de son projet pour la capitale, fini par exemple le déplacement de la gare de l’Est, pour créer un «Central park parisien». «L’urgence est de rendre cette ville plus paisible, pas de se lancer dans des grands travaux», se justifie Agnès Buzyn dans l'hebdomadaire, ce 23 février.
Plus question non plus de proposer aux Parisiens modestes de leur verser un apport de 100 000 euros pour qu’ils puissent acheter un appartement. En cause, le risque d'inflation du coût de l’immobilier, affirme la candidate aux élections municipales. «Je préfère remettre sur le marché au moins 20 000 logements vacants, sur les plus de 100 000 existants, au cours de la mandature en garantissant le paiement des loyers», détaille-t-elle.
Priorité à la sécurité et la propreté
Agnès Buzyn a fixé deux priorités : la sécurité et la propreté. Elle propose, comme Benjamin Griveaux, la création d'une police municipale dans la capitale, avec des agents équipés d'armes létales. Faut-il craindre d'éventuelles violences policières ? Non, selon la ministre pour qui la police municipale est «très bien formée» au maniement des armes.
Concernant la propreté, «je confierai au secteur privé le ramassage des déchets», affirme-t-elle. Son objectif : doubler la part des déchets recyclés. Sur BFM Paris, le 19 février, Agnès Buzyn a aussi taclé le bilan de la maire sortante Anne Hidalgo sur l'écologie. «La ville n'est pas du tout préparée au changement climatique», a déclaré l'ex-ministre.
Agnès Buzyn sur les pas de Rachida Dati
Difficile de ne pas y voir de similitudes avec le programme de Rachida Dati, la candidate soutenue par Les Républicains. En effet, l'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy propose une police municipale de 3 400 agents [contre 2 900 actuellement] «avec armes létales, gilets pare-balles et flotte de véhicules sérigraphiés, équipés de sirène et de gyrophare», explique-t-elle dans Le Parisien.
L'actuelle maire du VIIe arrondissement a elle aussi fait de la propreté l'un de ses chevaux de bataille pour la capitale. Elle propose de «développer la mécanisation des tâches, généraliser des outils modernes, comme des poubelles compactantes qui ne débordent pas quand elles sont pleines» ou «des aspirateurs, des nettoyeurs à air». Elle souhaite aussi confier plus de pouvoir aux maires d'arrondissement, qui «auraient en charge une partie de la propreté, la voirie».
Un programme qui «parle à la droite» pour Villani, rien sur le logement regrette Brossat
L'opposition n'a pas manqué de critiquer le nouveau programme d'Agnès Buzyn... et de souligner les concomitances avec le projet de Rachida Dati. Invité de l'émission Le Grand Rendez-vous CNews-Europe 1- Les Echos, le candidat dissident LREM voit «un programme axé sur sécurité et propreté, un programme qui de toute évidence parle à la droite».
De son côté, Ian Brossat, porte-parole du Parti communiste et candidat sur la liste d'Anne Hidalgo, regrette l'absence de propositions sur le logement. «Je me suis dévoué, j'ai lu le 1er tract de campagne de Mme Buzyn. Deux pages bien denses et pas une seule fois le mot "logement". Faut-il en conclure que les propositions grotesques de M. Griveaux sur le sujet l'ont dissuadé d'aborder la question ?», se questionne-t-il sur Twitter.
Selon un sondage Ifop-Fiducial pour le JDD et Sud Radio, Anne Hidalgo (PS) arrive en tête des intentions de vote au premier tour pour les municipales à Paris (24%), suivie par Rachida Dati (LR - 22%) et la candidate LREM Agnès Buzyn est en troisième position avec 19%.
Dans cette étude, le candidat EELV David Belliard est à 12%, le marcheur dissident Cédric Villani à 9% et Danielle Simonnet (LFI) à 6%.
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