Sibeth Ndiaye se pose des questions concernant l'affaire Benjamin Griveaux... mais se défend de tomber dans le «complotisme». Tandis que l'enquête ne fait que débuter, la porte-parole du gouvernement a partagé ses doutes sur le fait que Piotr Pavlensky, qui a revendiqué la diffusion des vidéos intimes attribuées à l'ex-candidat à la mairie de Paris, ait agi seul. «Moi je ne veux pas verser dans le complotisme. Néanmoins, je remarque qu'il y a quand même une certaine forme de technicité pour mettre en œuvre tout cela», a-t-elle répondu à un journaliste ce 17 février sur LCI.
Interrogée pour savoir si cette affaire relevait d'une manipulation politique plus importante, Sibeth Ndiaye a répondu que «c'est un peu tôt pour le dire parce que l'enquête ne fait que démarrer» et qu'«il faut laisser du temps à l'enquête pour se dérouler».
Pas le personnage central, selon la porte-parole
Parmi les éléments troublants de cette affaire, selon Sibeth Ndiaye, «le fait de construire un site Internet, le fait d'écrire en français parfaitement alors que manifestement, Piotr Pavlensky parle certes français, mais avec quelques difficultés». L'activiste russe avait diffusé ces images à caractère sexuel sur un site internet dédié (disparu depuis) et accompagnées d'un long texte en français, une langue qu'il maîtrise mal.
Conclusion d'après la porte-parole du gouvernement : «Il a sans doute été aidé, je ne suis pas sûr que ce soit le personnage central de cette affaire», a-t-elle conclu sans en dire plus sur l'identité de cet éventuel complice.
Pas de «preuve ni aucun indice» contre la Russie
De son côté, le secrétaire d'Etat chargé du numérique a été plus prudent quant à un éventuel complice dont aurait disposé l'artiste et opposant russe réfugié en France. Interrogé sur France info, Cédric O a assuré ne disposer «à ce stade» d'«aucune information qui [le] laisse penser qu'il pourrait y avoir autre chose qu'un agissement personnel».
Il a aussi balayé l'idée que les autorités russes aient pu jouer un rôle dans ce dossier. «Nous n’avons aucune preuve ni aucun indice qui nous laisse penser que la Russie soit impliquée», a expliqué Cédric O.
Une réponse à certaines théories aux accents complotistes partagées ces derniers jours par des observateurs de la vie politique. C'est le cas de l'éditorialiste Dominique de Montvalon, qui a notamment qualifié sur Twitter Piotr Pavlensky d'«agent russe».
Dominique Reynié, directeur de la Fondation pour l'innovation politique estime lui aussi que l'activiste russe «ressemble plus à un agent russe qu’à un réfugié politique».
Connu pour s'être cousu la bouche ou cloué la peau des testicules sur les pavés de la place Rouge à Moscou pour protester contre la politique de Vladimir Poutine, Piotr Pavlensky s'est réfugié en France en 2017 où il a obtenu l'asile politique. En Russie, celui qui a notamment incendié les portes du siège du FSB (les services de renseignements russes), était notamment visé par une accusation d'agression sexuelle. En France, l'artiste controversé avait déjà fait parler de lui en mettant le feu à la façade d'une succursale de la Banque de France.