Les Français sont partagés (50% pour, 50% contre) sur le droit au blasphème, ce droit de pouvoir critiquer une religion, selon un sondage Ifop pour Charlie Hebdo publié le 4 février au sujet de l'affaire Mila, cette adolescente faisant l'objet de menaces après avoir critiqué l'islam.
Ce sondage est réalisé 15 jours après la publication sur les réseaux sociaux d'une vidéo de cette lycéenne iséroise âgée de 16 ans, dans laquelle elle critique l'islam de manière virulente, après avoir subi des insultes homophobes. Elle a depuis été menacée de mort et de viol, et n'a toujours pas réintégré son établissement scolaire. Ainsi, à la question : «Etes-vous favorable à ce droit de critiquer, même de manière outrageante, une croyance, un symbole ou un dogme religieux ?», les personnes interrogées répondent à 50% y être favorables (dont 21% «tout à fait favorables» et 29% «plutôt favorables»), et à 50% «pas favorables» (dont 33 % «plutôt pas favorables» et 17% «pas du tout favorables»). Par ailleurs, 58% des sondés estiment que les propos tenus par Mila ne relèvent pas de la «provocation à la haine à l’égard d’un groupe de personnes, en raison de leur appartenance à une race ou à une religion déterminée». Mais parmi les musulmans interrogés, 85% perçoivent un caractère raciste dans les propos de l'adolescente contre 42% des personnes sans religion.
Le parquet de Vienne avait initialement ouvert une enquête pour ce motif, avant de la classer sans suite. Autre enseignement du sondage : 56% des personnes interrogées ne sont «pas d'accord» avec les propos de Nicole Belloubet, garde des Sceaux, qui avait d'abord déclaré que «l’insulte à la religion est évidemment une atteinte à la liberté de conscience», avant de plaider la maladresse. 70% des sondés ne sont pas non plus d'accord avec les déclarations du délégué général du Conseil français du culte musulman (CFCM, Abdallah Zekri. Il avait affirmé entre autres, «qui sème le vent récolte la tempête», tout en critiquant les menaces dont l'adolescente faisait l'objet.
Enfin 53% des Français soutiennent le hashtag #JesuisMila, diffusé sur les réseaux sociaux, contre 47% qui se positionnent pour #JesuispasMila. Mila a assuré le 3 février sur le plateau du talk-show Quotidien (TMC) ne «pas regretter» ses propos, revendiquant son «droit au blasphème». Elle fait l'objet «d'une vigilance particulière de la part des forces de l'ordre», a affirmé le 4 février l'entourage du ministre de l'Intérieur. Le sondage a été mené auprès d’un échantillon de 2005 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas, par questionnaire auto-administré en ligne du 1er au 3 février.