France

Education nationale : professeurs, lycéens et parents d'élèves mobilisés contre la réforme du bac

De nombreux lycées français ont été le théâtre d'opérations de protestation contre la réforme du bac menée par le gouvernement. Les opposants à cette réforme s'inquiètent notamment de la mise en place des épreuves de contrôle continu.

Opposés à la réforme de l'examen du bac portée par Jean-Michel Blanquer, lycéens, parents et professeurs ont participé à des actions ce 3 février devant plusieurs établissements où se déroulaient des épreuves communes de contrôle continu, dites E3C, inclues dans la nouvelle formule. 

Deux jours seulement après la condamnation de trois lycéens, accusés de «dégradation de biens d’autrui par un moyen dangereux» lors d'un blocage de lycée dans le XXe arrondissement parisien, de nouvelles opérations de filtrage et de blocage ont ainsi été constatées en Ile-de-France et ailleurs.

«Blocage en cours du lycée Michelet à Vanves par lycéens et professeurs contre les E3C et la réforme du bac de Blanquer», a par exemple tweeté le journaliste Jonathan Moadab dans la matinée de ce 3 février.

«Les E3C c'est le premier acte du bac Blanquer, les épreuves communes de contrôle continu aggravent les inégalités sociales et territoriales», a ainsi estimé Laure-Hélène, professeur de français qui participait à l'action à Vanves.

Le lycée Rodin dans le XIIIe arrondissement de Paris faisait également l'objet d'une mobilisation d'élèves et de parents d'élèves contre les E3C le matin du 3 février.

Une action a également été menée devant le lycée Victor Duruy dans le VIIe arrondissement de la capitale, comme en témoigne une photo postée sur Twitter par la section parisienne du syndicat national des enseignements de second degré (SNES).

Des actions ont par ailleurs eu lieu dans de nombreux autres lycées de France à l'instar d'un blocage constaté au Mans, dans la Sarthe, où Ouest-France rapporte le blocage de deux entrées du lycée Marguerite-Yourcenar.

Cela remet en cause ce pourquoi on enseigne, ça pose des problèmes d'éthique sur notre métier

Interrogé par RT France, Marcel, professeur au lycée Alexandre Dumas de Saint-Cloud dans les Hauts-de-Seine (où une mobilisation a réuni ce 3 février une trentaine de professeurs ainsi que des lycéens et parents d'élèves), dénonce l'absence de prise en compte des remontées adressées au gouvernement : «Ils peuvent se vanter de faire des concertations, ça ne signifie rien car ils ne prennent pas en compte ce qui est dit par la base», estime-t-il.

Parmi les changements inclus dans la réforme, Marcel dénonce en premier lieu la mise en place d'épreuves communes de contrôle continu. «Sur la forme, ce ne sont plus des épreuves nationales [...] la notation pose problème, il n'y a plus de barème, ça donne lieu à des corrections inégales», s'inquiète-t-il. Sur le fond, Marcel considère que la mise en place du contrôle continu «oblige à être dans la précipitation concernant la préparation des épreuves». «On a besoin de plus de temps et tout notre travail devient focalisé là-dessus, on est systématiquement sur le court-terme [...] ça remet en cause ce pour quoi on enseigne, ça pose des problèmes d'éthique sur notre métier», dénonce-t-il.

Au sujet de la suppression des filières traditionnelles L, S et ES, Marcel n'émet a priori pas d'objection. «Mais ça a compliqué la formation des classes et les emplois du temps sont très difficiles à gérer», constate-t-il, s'inquiétant par ailleurs de la suppression à terme du rôle de professeur principal, qui pourrait être remplacé par un «professeur référent». 

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