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Une nouvelle sortie de Salvini ulcère la diplomatie tunisienne

En campagne pour les élections régionales italiennes, Matteo Salvini sonne à la porte d'un immeuble, devant les caméras, pour demander à une famille tunisienne si elle abrite des vendeurs de drogue. L'ambassadeur tunisien à Rome dit sa consternation.

L'ambassadeur de Tunisie à Rome s'est dit «consterné par la conduite embarrassante» de Matteo Salvini, chef de file du parti italien de la Lega, qui, lors d'un déplacement électoral le 21 janvier à Bologne, a sonné chez un résident d'origine tunisienne en lui demandant à l'interphone s'il «revendait de la drogue».

Il s'agit d'une «provocation sans aucun respect pour une habitation privée», a réagi l'ambassadeur Moez Sinaoui à l'agence AGI qui l'interrogeait sur l'attitude et les propos de l'ancien ministre italien de l'Intérieur à l'égard d'une famille d'origine tunisienne. Le diplomate a aussi exprimé sa «consternation pour l’embarrassante conduite d'un sénateur de la République», en l’occurrence Matteo Salvini, dénonçant le fait qu'une famille tunisienne ait «été injustement diffamée». 

En campagne dans un quartier de Bologne pour l'élection régionale du 26 janvier en Emilie-Romagne (nord-est), Matteo Salvini, entouré par une nuée de caméras, s'est laissé guider par une résidente vers l'immeuble où habite, selon elle, un revendeur de drogue.

«Bonsoir, des habitants nous ont dit une chose désagréable [à votre sujet]. On nous a dit que c'est de chez vous que part une partie de la drogue qui est revendue dans le quartier. C'est vrai ou faux ?», demande le leader souverainiste après avoir sonné à l'interphone indiqué par la résidente. «C'est un Tunisien ? C'est lequel qui revend de la drogue, le fils, le père ?», interroge le natif de Milan autour de lui alors que son interlocuteur a déjà raccroché.

Exprimant son «indignation» face à ce geste «populiste» dans un contexte de «xénophobie grandissante, particulièrement contre les Tunisiens», le forum tunisien des droits économiques et sociaux – importante ONG tunisienne – s’est dite prête dans un communiqué à apporter «un soutien légal à toute poursuite visant à obtenir justice face aux tribunaux italiens ou la Cour européenne des droits humains».

Selon des médias italiens, la famille tunisienne s'est déjà adressée à un cabinet d'avocats en vue d'étudier une possible action en justice contre il Capitano. La Ligue espère elle remporter le 26 janvier une élection régionale cruciale en Emilie-Romagne.

Une victoire du parti de droite dans ce bastion de la gauche italienne pourrait en effet entraîner la chute du gouvernement formé par la Parti démocrate et le Mouvement 5 Etoiles et provoquer des législatives anticipées, ardemment souhaitées par Matteo Salvini.

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