«Singer Chirac», «faux accent français», «calcul [pour] flatter l’électorat communautaire»... Immédiatement après sa diffusion sur les réseaux sociaux, le coup de colère du président français contre des policiers israéliens à Jérusalem a amplement fait réagir – essentiellement dans les rangs de l'opposition, de nombreux politiques pointant du doigt un calcul politique.
«L’imitation de Jacques Chirac est pleine de bonne volonté, accent français inclus, mais cela sonne ... moins spontané», a notamment déclaré le député Les Républicains (LR) Julien Aubert, en référence à un coup de sang resté célèbre de l'ancien président contre les forces de sécurité de l'Etat hébreux, lors d'une visite officielle en 1996.
«Jacques Chirac était sincère, vrai. Emmanuel Macron est factice, truqué», a estimé dans la même veine le député LR du Lot Aurélien Pradié, pour qui l’«insincérité est la plaie de la macronie».
«Le Chirac du pauvre, sans la spontanéité, sans la sincérité, sans le panache français», a estimé pour sa part l'élu Rassemblement national (RN) Julien Odoul sur Twitter. En outre, il y a vu un calcul politique visant à «flatter l’électorat communautaire viscéralement hostile à Israël».
Le Chirac du pauvre, sans la spontanéité, sans la sincérité, sans le panache français
A gauche, les réactions à la colère présidentielle ont elles aussi été nombreuses : «Quand le "nouveau monde" finit par singer l’ancien... la spontanéité et l’inspiration en moins. Le faux accent français en plus», a commenté l'eurodéputé écologiste David Cormand, qui a ajouté que le proche-Orient n'était pas «un terrain de jeu pour mauvaise impro».
«Singer Chirac pour faire oublier qu'il mène la politique de Sarkozy», a tancé de son côté l'élu parisien communiste Ian Brossat.
«Si Macron veut imiter Chirac, qu'il retire son projet de réforme contre nos retraites comme Chirac avait retiré son contrat première embauche», a ironisé, côté France insoumise (LFI), l'eurodéputé Manuel Bompard, en référence à l'abandon d'un projet porté par le gouvernement de Villepin en 2006 devant l'ampleur des manifestations.
L'altercation verbale a éclaté à l'entrée de la basilique Sainte-Anne, dans la Vieille ville de Jérusalem. Alors qu'il se tenait devant l'entrée de l'édifice religieux, territoire français, le président de la République a piqué une colère, reprochant visiblement aux policiers israéliens d'avoir pénétré les lieux. Dans une séquence vidéo relayée sur les réseaux sociaux par un journaliste du Parisien, on peut l’entendre s’adresser à un policier, planté devant lui dans l'entrée de l'église – et ce, dans un anglais au fort accent français : «Tout le monde connaît les règles. Je n’aime pas ce que vous avez fait devant moi. Sortez !»
Quelques heures avant, un léger accrochage avait eu lieu, entre des membres du Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR), et un membre des forces de sécurité israéliennes qui avait voulu entrer dans la basilique.