La fronde contre la réforme du baccalauréat bat son plein, ce 20 janvier. A l'appel de la quasi-totalité des syndicats, des épreuves anticipée du contrôle continu du baccalauréat ont été perturbées dans plusieurs villes françaises.
Les manifestants protestent contre la réforme du bac dont la toute nouvelle version entrera en vigueur en 2021 : les séries ES (économique et social), S (scientifique) et L (littéraire) sont supprimées au profit d'un bac dit «modulaire». Les épreuves anticipées des élèves de premières de 2020, dites «E3C», entrent dans ce cadre.
Selon le ministère de l'Education nationale, «cinq établissements» sont «bloqués» ce 20 janvier, avec des épreuves qui ont dû être reportées et «24 actions de mobilisations» recensées en France. Un compte Twitter anonyme «Stop bac Blanquer - Stop EC3» recense ces actions.
Un lycée bloqué à Bordeaux, deux jeunes interpellés
Au lycée Gustave-Eiffel à Bordeaux (Gironde), l'un des plus gros établissements de France, un blocage a été organisé en début de matinée. Des fumigènes ont été allumés et des poubelles incendiées.
Deux personnes ont été interpellées pour «dégradation volontaire de biens publics», selon un étudiant en journalisme sur les lieux. «Libérez Youssef», ont alors scandé les lycéens. L'épreuve de maths STI de 8h a été reportée à 10h.
Des élèves lillois refusent de participer aux épreuves
A Lille (Nord), devant le lycée Faidherbe «une centaine d'élèves de première ont refusé de participer aux épreuves anticipées du bac» en soutien aux professeurs grévistes, rapporte un étudiant en journalisme de l'ESJ Lille.
Les épreuves n'ont été que retardées, mais le lycée avait prévu un dispositif spécifique, en prévision de ces perturbations.
Au lycée Lavoisier, l'administration a réquisitionné des personnels pour surveiller les épreuves. Une décision critiquée par un professeur, auprès de l'AFP, qui explique que ces personnes n'ont pas «vocation» à «surveiller» des examens. «On a des personnels de laboratoire qui deviennent surveillants, ce n'est pas leur rôle», a-t-il ajouté. Les épreuves au lycée Hélène-Boucher, dans le XXe arrondissement de Paris, ont aussi été perturbés.
A Montauban (Tarn-et-Garonne), où des épreuves ont dû être reportées, le recteur de l'académie de Toulouse a fait part de son intention de porter plainte contre les grévistes, selon France 3.
Un risque d'annulation des «E3C»
Pierre Mathiot, directeur de l'Institut d'études politiques (IEP) de Lille, codirige le comité de suivi de la réforme du lycée. Dans un entretien au Parisien ce 20 janvier, il évoque la possibilité d'une annulation des «E3C», les épreuves anticipées, dans le cas «où un nombre trop important d’établissements n’organisait pas du tout cette première session».
Toutefois, «on est trop avancés dans la réforme pour revenir en arrière», affirme-t-il, avant de mettre en garde les professeurs qui «s'exposent à des sanctions» s'ils refusent de faire passer les examens.
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