France

Un millier de pompiers dans la rue à Strasbourg pour protester contre les agressions

Une manifestation a réuni un millier de pompiers à Strasbourg. Ceux-ci entendaient dénoncer l'insécurité et les agressions dont ils sont victimes.

Près d'un millier de pompiers ont manifesté à Strasbourg ce 17 janvier afin de protester contre leur insécurité quotidienne et contre les nombreuses agressions dont ils font l'objet lors de leurs interventions. Camions, sirènes hurlantes, casques et uniformes, les soldats du feu entendaient afficher fièrement leurs couleurs, et ont été applaudis par les passants à plusieurs reprises.

«Nous sommes là pour exprimer tout le désarroi qu'on peut avoir sur les agressions qui sont faites envers les sapeurs-pompiers», explique Yann Scheer, chef de la caserne ouest de Strasbourg. «On a le sentiment d'être pris pour cibles», déplore-t-il. «Avant on était parfois des dommages collatéraux d'interventions compliquées dans certains secteurs. Maintenant on est clairement pris pour cible, comme au Nouvel An», ajoute-t-il.

Trois pompiers poignardés par l'homme qu'ils venaient secourir

Le soir du Nouvel an 2020, de nombreux guet-apens ont été tendus aux pompiers de Strasbourg par des bandes violentes. Deux pompiers avaient été blessés par un jet de projectile ayant traversé la vitre de leur véhicule. Le 12 janvier, trois d'entre eux ont été agressés au couteau par un homme qu'ils venaient secourir, là aussi dans les environs de Strasbourg.

Ces agressions sont «la goutte d'eau qui a fait déborder le vase» pour Christophe Elsaesser, le président de l'Union départementale des sapeurs-pompiers du Bas-Rhin, qui rassemble des pompiers volontaires. Celui-ci dénonce une situation qui empire depuis «des années». Selon une étude de l'Observatoire national de la délinquance, les agressions contre les sapeurs-pompiers auraient augmenté de 21% entre 2017 et 2018.

«Avant chaque intervention, on pense d'abord désormais à s'assurer de notre sécurité», regrette Yann Scheer. Selon lui, de plus en plus de pompiers réclament désormais d'être accompagnés par les forces de l'ordre lors de leurs interventions. Nicolas, pompier depuis quinze ans, fustige un «manque de respect de tout ce qui représente l'ordre public». «On n'est pas sereins, on sait que ça peut arriver n'importe quand, on est un peu démunis face à ça», déplore-t-il. En tête du cortège, plusieurs manifestants portaient un cercueil noir, sur lequel était inscrit «Touche pas à mon pompier» ou encore «Pour que cela n'arrive jamais dans le Bas-Rhin».

Les sapeurs-pompiers ont symboliquement déposé le cercueil devant le Palais de justice de Strasbourg, avant de s'étendre sur le sol durant plusieurs minutes, faisant les morts. Le message est clair : un drame risque un jour d'arriver, et la justice impuissante l'aurait alors sur la conscience. A l'issue de la manifestation, une délégation de pompiers a été reçue à la préfecture du Bas-Rhin.

Lire aussi : Manifestations du 5 décembre : en première ligne, les pompiers font reculer la police