Selon la cellule investigation de Radio France, de source judiciaire, le parquet national financier (PNF) a ouvert une enquête préliminaire visant Ségolène Royal et ses activités comme ambassadrice des pôles, à la suite de l'enquête de la même cellule, le 15 novembre dernier.
L'existence de l'enquête du PNF a été révélée le 15 janvier par Franceinfo alors que Ségolène Royal est menacée d'être limogée de cette fonction bénévole d'ambassadrice, qu'elle occupe depuis 2017, en raison de ses critiques contre la politique du gouvernement.
Sur son compte Twitter, le journaliste de Radio France Sylvain Tronchet a expliqué que les enquêteurs seraient «chargés de vérifier l'usage que l'ambassadrice des pôles a fait des moyens mis à sa disposition par le Quai d'Orsay, et s'ils ont pu être détournés à son profit.»
«Je comprends par cette lettre que le président de la République va mettre fin à mes fonctions»
Ségolène Royal, ancienne candidate socialiste à l'élection présidentielle de 2007, a par ailleurs reçu le 7 janvier de la part des deux secrétaire généraux du Quai d'Orsay un courrier, évoqué par le Canard enchaîné, lui rappelant son «devoir de réserve» et l'invitant à mettre fin à ses fonctions d'ambassadrice des pôles : «Il est envisagé de mettre fin à vos fonctions au regard de vos récentes prises de parole publiques, qui mettent en cause la politique du gouvernement à la mise en œuvre de laquelle, en votre qualité d'ambassadrice [...] vous êtes étroitement associée.»
Le courrier poursuit en précisant qu'«un prochain Conseil des ministres pourrait examiner le projet de décret mettant fin à [ses] fonctions d'ambassadrice». Ségolène Royal a pris les devants en annonçant cette nouvelle dès le 14 janvier sur son profil Facebook et en déclarant : «Je comprends par cette lettre que le président de la République va mettre fin à mes fonctions à un prochain Conseil des ministres puisque je n’ai pas l’intention de renoncer à ma liberté d’opinion et d’expression garantis par la Constitution. J’en prends acte.»
L'hebdomadaire satirique fait état d'une «convocation» de Ségolène Royal au Quai d'Orsay pour un «entretien préalable» à un licenciement. Mais l'intéressée a déjà fait sa religion sur le sujet : «Je ne suis pas convoquée car le licenciement de cette mission bénévole sur les pôles a déjà eu lieu, sans entretien préalable, comme indiqué dans la lettre.»
De Twitter à différentes interviews, la brouille entre l'exécutif et l'ancien ministre de l'Environnement remonte à plusieurs semaines, Ségolène Royal ayant émis des critiques virulentes à propos de la politique sociale du gouvernement, jusqu'à évoquer «l'ego machiste» de l'exécutif et le «sentiment d'abandon réel» des Français vis-à-vis des réformes.
Des députés UDI et LREM avaient déjà accusé l'ambassadrice bénévole d'utiliser l'enveloppe allouée pour ses frais d'ambassadrice à des fins personnelles, par exemple pour la promotion de son livre. Le 10 janvier, c'est le ministre de la Transition écologique et des Transports, Elisabeth Borne, qui a relevé que Ségolène Royal critiquait «le gouvernement très fortement depuis quelques semaines», avant de s'interroger : «Est-ce que c'est bien compatible avec un poste d'ambassadeur qui appelle une certaine réserve ? On peut se demander.»
Daniel Cohn-Bendit, proche du président de la République, est également intervenu en évoquant une «vengeance» de la part de la candidate malheureuse : «Elle est gonflée. Elle en veut à Macron parce qu'il ne l'a pas proposée comme commissaire de la France à la Commission européenne.»
Ce 15 janvier, c'est le ministre du Travail, Muriel Pénicaud, qui déclare au micro de Franceinfo : «Quand on est nommé ambassadeur, on a un devoir de réserve [...] Ce n'est pas compatible.»
La journaliste Arlette Chabot estime quant à elle, sur Sud Radio, qu'il s'agirait d'une forme d'aubaine pour Ségolène Royal : «Elle est très contente d’être virée. C’est un véritable cadeau pour elle qui gagne le titre d’opposante au pouvoir actuel. Elle est en piste pour 2022.»