France

Poursuivi pour une «quenelle» devant le tribunal de Colmar, Alain Soral a été relaxé

Le tribunal correctionnel de Colmar a relaxé l'essayiste Alain Soral, jugé pour avoir diffusé sur internet un cliché de lui effectuant une «quenelle» sur les marches de ce tribunal. Il a estimé que ce geste n'était pas, dans ce contexte, antisémite.

De son vrai nom Alain Bonnet, Alain Soral, absent à l'audience, était poursuivi pour «injure» et «incitation publique à la haine ou à la violence en raison de l'origine, l'ethnie, la nation, la race ou la religion». Il avait diffusé sur Twitter et sur son site internet Egalité et Réconciliation un cliché pris le 5 mai, le montrant faisant une «quenelle» devant le tribunal de grande instance de Colmar (Haut-Rhin).

Six mois de prison avec sursis, assortis d'une mise à l'épreuve, avaient été requis lors du procès le 28 novembre mais le tribunal correctionnel a relaxé l'essayiste estimant que le geste n'était pas, dans ce contexte, antisémite.

«Le tribunal a estimé que la diffusion [...] de la photographie [...] dans un lieu non mémoriel et sans lien avec la religion juive ne constitue pas les infractions d'injure publique et de provocation publique à la haine ou à la violence en raison de l'origine, l'ethnie, la nation, la race ou la religion», a indiqué dans un communiqué la procureure de la République de Colmar, Catherine Sorita-Minard.

La «quenelle» (bras tendu vers le bas et main opposée posée sur l'épaule) a été popularisée par l'humoriste Dieudonné, geste qu'il qualifiait d'«antisystème». Sur son site, le polémiste, venu en Alsace pour une conférence, avait accompagné la photo prise à Colmar d'un texte évoquant le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) et la Licra.

Le Consistoire israélite du Haut-Rhin va faire appel

Le tribunal a estimé que ces associations n'étaient «pas clairement citées ou visées à raison de leur engagement mais davantage à raison de leur prise de position quant à l'exécution d'une décision de justice» passée concernant l'essayiste, poursuit Catherine Sorita-Minard qui indique qu'elle «va analyser» le jugement avant de décider d'un éventuel appel.

«Nous contestons cette décision et comptons sur un appel du parquet», a réagi auprès de l'AFP Maître Thierry Cahn, l'avocat du Consistoire israélite du Haut-Rhin, l'une des parties civiles. «Compte tenu du personnage et de ses précédentes condamnations [...] la matérialité de l'infraction est constituée», a-t-il estimé.

L'avocat d'Alain Soral, Damien Viguier, avait plaidé la relaxe, affirmant que la «quenelle» n'est rien d'autre qu'un «bras d'honneur ou un doigt d'honneur» et non «un salut nazi inversé». La procureure de la République avait quant à elle soutenu qu'Alain Soral, condamné à de multiples reprises notamment pour négationnisme, était en «récidive» et «[incitait] à la haine de l'autre» en diffusant son geste «délibéré, choquant et provocateur».

Alain Soral avait déjà été condamné pour une «quenelle» réalisée dans contexte différent : le 18 février 2016, la cour d'appel de Paris l'avait condamné à 5 000 euros d'amende pour avoir fait ce geste au Mémorial de la Shoah de Berlin.

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