La vidéo, tournée lors d'une soirée privée à une date non précisée et révélée par le compte Instagram «Décolonisons-nous» ce 3 janvier, où elle a été vue plus de 50 000 fois depuis sa mise en ligne à l'aube, montre deux femmes et un homme. L'homme imite par moments un singe sur fond de musique jouant Saga Africa, tandis que l'une des femmes est maquillée en noir, sous les rires de la troisième personne.
Une vidéo de la même soirée circule également sur Twitter, où elle a été visionnée plus de 930 000 fois depuis sa mise en ligne le 2 janvier.
Selon le compte «Décolonisons-nous», la vidéo montre plusieurs employés de l'entreprise le Slip Français, société créée en 2011 et qui fait travailler aujourd'hui plus de 200 personnes dans 45 ateliers, selon son site. En réaction, l'entreprise, basée à Paris, a diffusé un communiqué dans lequel elle se dit choquée et indique condamner «fermement ces actes». «Les salariés concernés ont été convoqués et sanctionnés par la direction du Slip Français», ajoute-t-elle.
Le Slip Français s'est entretenu avec SOS Racisme
Contacté par l'AFP, Guillaume Gibault, le fondateur du Slip Français, s'est dit «secoué» par l'événement, et a précisé que les deux salariés concernés ont été convoqués et mis à pied à titre conservatoire dès ce 3 janvier. «Moralement, c'est contraire à nos valeurs. On dénonce ces actes-là [...] On a été très fermes avec eux», a-t-il déclaré à l'AFP.
Après la publication de la vidéo sur un premier compte le 1er janvier, «on a réagi tout de suite», a encore expliqué Guillaume Gibault. «Dans un contexte où les choses vont très vite, on fait de notre mieux pour être très fermes. Ce genre de comportement n'a pas sa place dans notre équipe et dans notre démarche, ça n'est pas nos valeurs», a-t-il poursuivi, indiquant envisager de mettre en place un «programme de sensibilisation sur ces sujets-là».
Guillaume Gibault a précisé que l'entreprise avait rassemblé l'ensemble de ses employés pour rappeler «les valeurs d'ouverture» portées par sa société. Il a dit à l'AFP s'être entretenu le 3 janvier avec Dominique Sopo, le président de l'association SOS Racisme.
«Il a été discuté de la participation de l'association à la mise en place, en interne, d'un programme de sensibilisation aux problématiques du racisme et des discriminations», a détaillé SOS Racisme dans un communiqué. Et l'association a «demandé à ses avocats de déterminer si l'ensemble de ces éléments, pris dans le contexte de la soirée, pourraient être constitutifs d'injures publiques à caractère raciste».
De son côté, une des participantes à cette soirée a réagi à la polémique, rejetant tout sous-entendu raciste : «Pour clarifier les choses, loin de moi la moindre pensée raciste, bien au contraire ! Il s'agissait d'un dîner entre potes sur le thème Africa, rien de plus. Désolée si cela a mal été interprété. Bonne année et viva Africa.»
«Le Slip Français, rien qu’au nom et au concept ça se voit c’est une entreprise de gens de droite»
Une explication qui n'a pas convaincu de nombreux internautes, prompts à s'offusquer sur Twitter. «On se grime en noirs, on publie, puis on s’étonne du retour de flamme et on répond que ça a été "mal interprété". C’est pas toi qu’est raciste mais les victimes qui sont connes», a ainsi répliqué une internaute.
D'autres ont saisi l'occasion pour critiquer le manque de «diversité» au sein de l'entreprise, en s'appuyant sur une photo des employés.
Pour certains, cette polémique était prévisible aux vues du nom de l'entreprise et de son logo bleu blanc rouge : «Déjà une marque qui choisi de s'appeler Le Slip Français et d'avoir un logo bleu blanc rouge, je vois pas ce qu'on peut en attendre de bon. La première fois que je suis passée devant l'une de leur boutique, j'ai cru à un gag.»
Un avis partagé par une autre internaute, dans un message très partagé : «Mais je sais pas pourquoi vous calculez Le Slip Français, rien qu’au nom et au concept ça se voit c’est un "bail" de gens de droite.»
Malgré tout, les avis ne sont pas unanimes sur la plateforme, et certains se demandent pourquoi l'entreprise a été immédiatement associée au comportement de ses employés, dans un cadre privé.