Après l'échec de l'exécutif à imposer aux grévistes une trêve pendant la période des fêtes, Emmanuel Macron s'apprête à adresser ses vœux aux Français, ce 31 décembre à 20 heures.
Dans un climat social pour le moins tendu, l'Elysée a d'ores et déjà révélé l'état d'esprit du président de la République concernant les thèmes qu'il devrait aborder lors de son allocution. Il devrait réaffirmer son «ambition forte» pour une réforme des retraites qui «corrige de nombreuses inégalités», a fait savoir l'Elysée, cité par l'AFP. Il devrait aussi se «redire ouvert au dialogue» mais «sans entrer dans le détail». «Pas question apparemment de modifier ou moduler l'âge-pivot, ce qui aurait pu rallier au moins la CFDT», ajoute l'agence de presse. Et l'Elysée de souligner la volonté d'Emmanuel Macron de poursuivre les réformes en «invitant les Français à résister à la tentation de l'immobilisme», tout en appelant à «l'apaisement, pas l'affrontement».
Attentes diverses au sein du camp Macron
«Ce sera un discours de vérité et d'apaisement en matière de modèle social. Il faut accepter de faire évoluer ce modèle pour l'adapter à la société d'aujourd'hui et revoir des situations qui n'ont plus lieu d'être. Le chef de l'Etat a montré l'exemple en renonçant à sa retraite de président», estime un membre du gouvernement cité le 29 décembre par France Info.
Pour sa part, le député La République en marche (LREM) des Deux-Sèvres Guillaume Chiche a confié son ressenti auprès du Huffington Post quant au discours à venir d'«un président profondément humain». «Au-delà de s’adresser aux Français, il y a un message essentiel à faire passer : nous sommes à mi-mandat, nous allons continuer à réformer le pays [...] il ne faut pas lever le stylo», explique notamment le député.
D'autres parlementaires de la majorité présidentielle font toutefois preuve d'un enthousiasme plus retenu, notamment du fait des incertitudes qui persistent dans la position du chef de l'Etat au sujet de la réforme des retraites. «Je voudrais qu'au moins, le président donne un chemin de sortie de crise en disant : oui, l'âge pivot doit être pondéré suivant la pénibilité», confie par exemple au Parisien Jean-François Césarini, député LREM du Vaucluse.
Il ne faut pas s'attendre à ce que cela dénoue la situation politique et les blocages. En un quart d'heure à la télévision, ce n'est pas possible
En tout état de cause, malgré les multiples annonces allant dans le sens d'«un discours de l'apaisement», l'allocution du président ne saurait résoudre subitement les difficultés de la situation, estime le délégué général de LREM Stanislas Guerini qui, reprenant les propos du Premier ministre, n'attend pas une «formule magique» : «C'est encore plus vrai pour les vœux. Il ne faut pas s'attendre à ce que cela dénoue la situation politique et les blocages. En un quart d'heure à la télévision, ce n'est pas possible», a-t-il déclaré auprès du quotidien francilien.
Vague de critiques et d'ironie sur les réseaux sociaux
A l'approche de la diffusion de l'allocution présidentielle, les détracteurs d'Emmanuel Macron anticipent l'événement à leur manière, multipliant leurs critiques au sujet de l'apaisement annoncé par l'exécutif.
«Lors de son dernier discours d'apaisement l'an dernier, Macron avait traité les Français qui manifestent de "foule haineuse"», a par exemple tweeté la section syndicale CGT de la compagnie aérienne TUI France.
«Seules trois phrases sont susceptibles de constituer un "discours d'apaisement" : je quitte la fonction dont je me suis montré indigne, j'ai décidé de dissoudre l'Assemblée nationale, je retire le projet de réforme des retraites», a pour sa part tweeté l'acteur Alexandre Charlet.
Au sein de l'opposition, certaines personnalités politiques n'ont pas hésité à commenter en avance les vœux du président de la République, non sans ironie. «Pour le 31 décembre, l’Elysee annonce que Macron fera un discours d’abaissement... euh... pardon... d’abaisement... euh... décidément... d’apaisement.
Voilà voilà...», a écrit Jean Messiha, membre du Bureau National du RN.
Certains comptes Twitter de l'opposition influents sur le réseau social ont de leur côté appelé au boycott de l'allocution présidentielle. A l'instar du collectif Carton jaune ou encore du compte Twitter «En Cause», qui appelle à créer «le plus gros boycott français de l'audiovisuel».