Epinglée sur Twitter comme émanant d'un gendarme, une publication appelant à «péter les genoux au[x] conducteur[s] de train[s]» pour «leur donn[er] une raison de pleurer», a mis de l'huile sur le feu dans un climat social tendu, alors qu'une grève interprofessionnelle de forte ampleur se poursuit depuis le 5 décembre.
Daté du 29 décembre et signé «Vins l'empereur des Flandres IV», le tweet, supprimé dans les deux heures qui ont suivi sa publication, a rapidement été remarqué par le compte Twitter «BB27000». Ce dernier a interpellé la gendarmerie en ces termes dans une publication qui a suscité de nombreuses réactions : «Dites @Gendarmerie, du côté de la gendarmerie Maritime de Saint-Raphaël (Var), vous tolérez de tel propos ? Dois-je aller moi même porter plainte ou vous vous occupez de ce cas ?»
Face à la quantité de commentaires générés, l'internaute «BB27000» a précisé son état d'esprit quelques heures plus tard : «Beaucoup de commentaires sous ce tweet dénigrent l’institution gendarmerie. Que cela soit clair, les FDO [forces de l'ordre] auront toujours mon soutien. La faute d’un ne doit jamais rejaillir sur tous».
La gendarmerie condamne fermement et évoque «une procédure interne en cours»
Si le compte Twitter de la gendarmerie nationale n'a pour l'heure pas réagi à l'apostrophe de «BB27000», cet internaute a affirmé dans la même journée avoir «reçu la certitude» que le comportement du gendarme présumé serait «sanctionné en interne».
Une information que RT France a pu recouper en contactant ce 30 décembre la gendarmerie de Toulon (Var) qui a effectivement expliqué avoir «reçu des remontées» en ce sens.
On imagine l'émotion qu'ont pu créer ces propos si on assimile les gendarmes à ce tweet
«Ce sont des propos qui ont été tenus à titre privé [et] qui ne reflètent absolument pas nos valeurs, ni l'idéal qu'on peut avoir quand on sert en gendarmerie. C'est inacceptable, nous dénonçons et condamnons fermement ces propos», confie notre interlocuteur avant d'expliquer qu'une procédure interne était en cours à l'encontre de l'auteur du tweet, «un gendarme adjoint sous contrat». «On imagine l'émotion qu'ont pu créer ces propos si on assimile les gendarmes à ce tweet», regrette notre interlocuteur. «De la part des forces de l'ordre, on attend de la prévention, de la protection et du secours aux personnes plutôt que ces propos qui sont par nature inacceptables», souligne-t-il, regrettant cette «attitude individuelle» dans «un climat social difficile».
Egalement contacté par nos soins ce 30 décembre, l'internaute «BB27000» s'est présenté comme un conducteur-dépanneur travaillant depuis 20 ans à la SNCF, par ailleurs ancien gendarme réserviste. Souhaitant garder l'anonymat, celui qui souhaite être appelé Willfried nous a fournis des documents attestant de sa profession et revient pour RT France sur la polémique qu'il a soulevée en épinglant le fameux tweet.
«J'ai l'habitude de regarder ce qu'il se dit sur les réseaux sociaux au sujet des conducteurs de train, c'est comme ça que j'ai découvert le tweet», explique Willfried dont le compte Twitter, suivi par plusieurs personnalités politiques et médiatiques, est spécialisé dans les aspects techniques du réseau ferroviaire français. «J'ai fait mon tweet assez rapidement en prenant la précaution d'y intégrer les captures d'écran», poursuit-il, précisant qu'il avait retrouvé la photo de l'homme en question sur le compte Twitter à l'origine de la publication initiale, sans être toutefois en mesure de confirmer si l'homme qui figure sur la photo correspond effectivement au propriétaire du compte. Précaution qui s’avérera utile puisque «deux heures à peine» après sa publication, le compte en question avait déjà disparu du réseau social.
Dans le cadre du mouvement social engendré par la réforme des retraites portée par le gouvernement, Willfried nous a expliqué avoir lui-même participé à des manifestations dans le Limousin.
Fabien Rives