Les récentes polémiques ont eu raison de sa fonction. Ce 16 décembre, le haut-commissaire aux Retraites Jean-Paul Delevoye a présenté sa démission à Emmanuel Macron, qui l'a acceptée. «[Il sera] remplacé dans les plus brefs délais», a précisé l’Elysée. Jean-Paul Delevoye était en difficulté depuis plusieurs jours en raison des mandats bénévoles ou rémunérés qu’il avait omis de déclarer à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique. Il n'en avait déclaré que trois au lieu d'au moins 13.
Dans la foulée, l'opposition de droite comme de gauche a réagi. Pour la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen, «la position de Delevoye, fragilisée par les mensonges à répétition et les potentiels conflits d’intérêt, était intenable. Les Français doivent garder à l’esprit que toute la macronie a défendu un homme fautif en contradiction avec notre Constitution !», a-t-elle écrit sur Twitter.
L'eurodéputé RN Jordan Bardella estime que «la démission de Jean-Paul Delevoye était indispensable, son maintien au gouvernement n'était pas tenable». Pour le vice-président du RN, «il faut maintenant aller plus loin, et retirer cette réforme des retraites !».
Du côté de La France insoumise, on appelle le gouvernement à abandonner la réforme des retraites. «Delevoye a démissionné. Son projet doit s'en aller aussi. On veut un joyeux Noël», a affirmé le leader des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon. «Delevoye s’en va ! Qu’il emporte son rapport et sa réforme des retraites par points inspirée par les fonds de pension sous le bras ! Les Français n’en veulent pas», a complété Adrien Quatennens, député LFI et numéro deux du mouvement.
Un constat partagé par l'eurodéputée LFI, Manon Aubry. «La victoire ne sera complète qu'avec le retrait de la réforme. Allons la chercher demain, dans la rue !», s'est-elle exclamée.
Pour Alexis Corbière, député LFI de Seinte-Saint-Denis, la démission de Jean-Paul Delevoye «participe au pourrissement de la situation». Au micro de BFM TV, il a ajouté que l'ex-haut-commissaire aux Retraites symbolisait «aujourd'hui un problème de fond». «Son départ est la moindre des choses, mais il va de soi que le brasier qu'il a allumé, il est toujours là», a-t-il ajouté.
L'ancien candidat à la présidentielle Olivier Besancenot en appelle lui aussi à l'abandon de la réforme des retraites : «On ne peut pas dissocier l’architecte du projet de l’architecture de la "réforme"! Ce n’est pas un fusible qui vient de sauter mais tout le compteur ! Démission de Delevoye = Retrait du projet !»
Chez Les Républicains, cette démission est majoritairement perçue comme le reflet d'une mauvaise gestion du gouvernement. «La démission de Delevoye n'est qu'un énième épisode d'une réforme mal engagée : une démocratie fragilisée, des corps intermédiaires méprisés, une opposition ignorée, des Français pris en otages. Ce gouvernement entache de nouveau notre République», a tweeté Valérie Boyer, députée LR des Bouches-du-Rhône.
«Il était temps», s'est contenté d'écrire le Parti socialiste dans un tweet.
LREM défend sa réforme
Du côté de La République en Marche, cette démission est un nouveau coup dur. D'autant que les membres du gouvernement se sont succédé dans les médias ces derniers jours pour défendre Jean-Paul Delevoye. Pour autant, le parti présidentiel appuie la réforme des retraites. «Les députés LaREM expriment tristesse et respect après la décision courageuse qu'il vient de prendre de démissionner du gouvernement. Rien ni personne ne lui enlèvera d'avoir imaginé et conçu la réforme la plus juste et la plus protectrice en France depuis 1945», a expliqué Gilles Le Gendre, le président du groupe LREM à l'Assemblée nationale.
La porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a salué le 16 décembre le «sens du collectif» et le «grand esprit de responsabilité» du haut-commissaire, qui a selon elle démissionné pour «ne pas handicaper l’action du gouvernement» sur la réforme des retraite.
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