Jean-Paul Delevoye, Haut-commissaire aux retraites, n’en finit plus de faire parler de lui dans un contexte pour le moins tendu de mouvements de grèves opposés à la réforme des retraites. En effet, l’ancien ministre de Jacques Chirac a perçu, depuis deux ans et ce jusqu’au 10 décembre, plus de 5 368,38 euros par mois pour son poste de président d’honneur du think tank Parallaxe, en plus de son salaire de fonctionnaire en tant que Haut-commissaire aux retraites.
Face à ces révélations, Jean-Paul Delevoye s’est empressé de démissionner de son poste dans le secteur privé, avant de s’engager, le 10 décembre, à rembourser les sommes reçues par Parallaxe, si celles-ci sont jugées «incompatibles» par la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) avec sa fonction gouvernementale, d’après Libération.
Peu de temps après, le 11 décembre au soir, sans même attendre la décision de la HATVP, le Haut-commissaire aux retraites a fait savoir à CheckNews, qu’il allait rembourser au think tank l’intégralité de ce qu’il a perçu en tant que président d’honneur. Depuis son entrée au gouvernement en tant que Haut-commissaire à la réforme des retraites en septembre 2017, Jean-Paul Delevoye a ainsi touché près de 140 000 euros.
Un emploi polémique pénalement répréhensible
Jean-Paul Delevoye pourrait tomber sous le coup de la loi. Effectivement, cumuler un poste au gouvernement avec «toute fonction de représentation professionnelle à caractère national et de tout emploi public ou de toute activité professionnelle» est formellement prohibé par l’article 23 de la Constitution. «Le principe d'incompatibilité sert à garantir l'impartialité des membres du gouvernement, à les protéger des intérêts privés», analysait Jean-Christophe Picard, président de l'association Anticor, dans Capital.
Le principe d'incompatibilité sert à garantir l'impartialité des membres du gouvernement, à les protéger des intérêts privés
En outre, l’entourage du Haut-commissaire aux retraites «a même énuméré une série de travaux et de participations à des interventions, de peur peut-être que cet emploi ne soit, à l'extrême inverse, qualifié de "fictif"», selon Le Parisien.
Le 8 décembre, alors que la France s'apprêtait à vivre son cinquième jour consécutif de grève générale contre la réforme des retraites portée par l'exécutif, Le Parisien révélait que Jean-Paul Delevoye avait omis dans sa déclaration d'intérêts de signaler son mandat bénévole au sein d'une structure de formation des professions de l'assurance (Ifpass), dont il était l’administrateur depuis 2016. Selon une source proche du dossier au journal Le Parisien, Jean-Paul Delevoye, chargé de la réforme des retraites depuis 2017, est de ce fait «étroitement lié au monde de l’assurance». Aussi, son mandat au sein de l’Ifpass pourrait constituer, selon la source interrogée par le quotidien, un conflit d’intérêt majeur vis-à-vis de la réforme des retraites en projet, «notamment parce que l’ensemble du secteur est intéressé par la réforme».
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