France

Retraites : dénonçant un conflit d'intérêt, l'opposition réclame des comptes à Delevoye

L'«omission» de Jean-Paul Delevoye, Haut-commissaire aux retraites, de mentionner son poste d'administrateur de l'Institut de formation de la profession de l'assurance depuis 2016 à sa déclaration d'intérêts, a suscité l'ire de l'opposition.

Mauvais timing ? Ce 8 décembre, alors que la France s'apprêtait à vivre son cinquième jour consécutif de grève générale contre la réforme des retraites portée par l'exécutif, Le Parisien révélait que le Haut-commissaire aux retraites, Jean-Paul Delevoye, avait omis dans sa déclaration d'intérêts de signaler son mandat bénévole au sein d'une structure de formation des professions de l'assurance (Ifpass), dont il est l’administrateur depuis 2016. Selon une source proche du dossier au journal Le Parisien, Jean-Paul Delevoye, chargé de la réforme des retraites depuis 2017, est de ce fait «étroitement lié au monde de l’assurance». Aussi, son mandat au sein de l’Ifpass pourrait constituer, selon la source interrogée par le quotidien de la capitale, un conflit d’intérêt majeur vis-à-vis de la réforme des retraites en projet actuellement, «notamment parce que l’ensemble du secteur est intéressé par la réforme». Il n'en fallait pas plus pour que, du PCF au RN, l'opposition réclame des comptes au Haut-commissaire aux retraites, certaines personnalités appelant même à sa démission.

La présidente du RN Marine Le Pen a ainsi estimé que le président français, Emmanuel Macron, ne gouvernait «pas dans l’intérêt des Français», notamment en démantelant «notre modèle au profit d’intérêts particuliers et de puissances d’argent».

Florian Philippot, ancien vice-président du Rassemblement national, désormais président des Patriotes, considère pour sa part que «Delevoye n’a pas d’autre choix que de présenter sa démission dès aujourd’hui».

Nicolas Dupont-Aignan, député et président de Debout la France, en appelle également à la démission du Haut-commissaire aux retraites, soulignant son empreinte de «lobbyiste» dans la réforme des retraites. 

David Corman, député européen d'Europe-Ecologie Les Verts, dénonce que la formation politique au pouvoir équivaut à «la République des marchands, des conflits d’intérêts et de la vente à la découpe des biens communs». Avant de poursuivre : «Avec eux, tout est à vendre. En voici une nouvelle illustration.»

Ian Brossat, porte parole du PCF, n'a pas hésité à rappeler avec dérisions d'autres éléments liés à ce dossier : «Hasard aussi si le gouvernement a accordé une fiscalité super avantageuse pour ceux qui placent leur argent dans des fonds de pension en avril dernier», a-t-il ainsi publié sur Twitter. 

Adrien Quatennens, député de La France insoumise, a ironisé : «Alors que le monde de l’assurance, lui, n’a pas oublié de déclarer ses liens avec la réforme des retraites que prépare Jean-Paul Delevoye !»

Pour sa part, Jean-Luc Mélenchon, leader de LFI, condamné ce 9 décembre à trois mois de prison avec sursis et 8 000 euros d'amende pour «actes d'intimidation, rébellion et provocation» lors d'une perquisition dans les locaux de la France insoumise, a dressé un parallèle avec sa propre situation : «Monsieur Delevoye peut mettre à l'attaque tout le pays sur les retraites et oublier une partie de ses déclarations d'intérêts, ça c'est pas un problème... Moi j'ai crié sur mon palier que ma personne est sacrée, ce qui est vrai et que la République c'est moi, alors ça, c'est 8 000 euros d'amende et puis 3 000 de dommages et intérêts.»

Lire aussi : La retraite par capitalisation s’invite dans le débat sur la réforme