Alors que son pays est durement éprouvé par les sanctions américaines qui touchent notamment son secteur pétrolier, le président iranien Hassan Rohani a présenté ce 8 décembre au Parlement un budget ayant pour but de «réduire les difficultés» de la population. Le budget présenté au Parlement s'élève à 4 845 000 milliards de rials (près de 33 milliards d'euros).
«Un budget de résistance et de persévérance contre les sanctions»
«L'année prochaine, comme l'année en cours, notre budget sera un budget de résistance et de persévérance contre les sanctions», a déclaré devant le Parlement Hassan Rohani, dont le pays est membre de l'Opep.
«Ce budget annonce au monde que malgré les sanctions nous serons en mesure de gérer le pays, particulièrement dans le domaine du pétrole», a-t-il ajouté.
Le pays fait face à une grave crise économique : le Fonds monétaire international prévoit un recul du PIB de 9,5% pour 2019, et la monnaie, le rial, a chuté, entraînant une explosion de l'inflation (plus de 40% sur l'année).
Le retrait unilatéral des Etats-Unis en 2018 de l'accord international sur le nucléaire iranien conclu en 2015 et le rétablissement dans la foulée de lourdes sanctions américaines contre l'Iran ont asphyxié l'économie de Téhéran, notamment dans le secteur vital du pétrole.
Bataille de chiffres sur le bilan humain des manifestations
Le budget pour l'exercice commençant fin mars 2020 a été annoncé quelques semaines après une forte augmentation du prix des carburants qui avait déclenché mi-novembre en Iran des manifestations de protestation marquées par des violences sanglantes dans les deux camps.
L'ONG de défense des droits humains Amnesty international a affirmé qu'au moins 208 personnes avaient été tuées dans la répression et que le bilan pourrait être bien supérieur. Un bilan contesté par les autorités, qui de leur côté ont confirmé la mort de cinq personnes, dont quatre membres des forces de l'ordre et un civil, et qualifié de «mensonges absolus» les chiffres fournis par des «groupes hostiles».
Après avoir ouvertement apporté leur soutien aux manifestants, les Etats-Unis ont quant à eux fait état de plus de 1 000 Iraniens tués dans une répression qualifiée de «brutale», mais l'émissaire américain pour l'Iran Brian Hook a lui-même reconnu que ce bilan n'était «pas certain».
Pour justifier la hausse du prix de l'essence, Hassan Rohani avait expliqué que l'Etat n'avait pas d'autre solution pour aider les «familles à revenu moyen et bas qui souffrent de la situation créée par les sanctions».
Le 8 décembre, le président de la République islamique d'Iran a annoncé une augmentation de 15% des salaires du secteur public.
Nous savons que ce régime de sanctions et cette [politique de] pression maximale met la population à l'épreuve. Nous savons que son pouvoir d'achat a diminué
Depuis 2018, plusieurs trains de sanctions ont été imposés à l'Iran dans le cadre de la campagne de «pression maximale» exercée par l'administration de Donald Trump sur l'Iran.
«Nous savons que ce régime de sanctions et cette [politique de] pression maximale met la population à l'épreuve. Nous savons que son pouvoir d'achat a diminué», a déclaré Hassan Rohani au Parlement. Il a reconnu les difficultés rencontrées par son pays pour exporter son pétrole, en allusion à la fin, en avril, des dérogations accordées à huit pays par les Etats-Unis pour importer du pétrole iranien.
Beaucoup de «difficultés» dans les échanges avec l'extérieur
Mais selon lui, le gouvernement espère retirer 455 000 milliards de rials (un peu plus de 3 milliards d'euros) des exportations de pétrole sur l'exercice débutant en mars 2020.
«Nos exportations, nos importations, les transferts d'argent, les [taux de] change rencontrent beaucoup de difficultés», a-t-il néanmoins ajouté, tout en soulignant que, malgré les sanctions, les secteurs de l'économie non liés au pétrole seraient «positifs» cette année.
«Contrairement à ce que les Américains pensaient [...] nous avons choisi le bon chemin et nous avançons», a-t-il soutenu. Hassan Rohani n'a pas évoqué tous les points du budget, qui doit être encore examiné et voté par le Parlement.
«Tous nos efforts sont tournés vers une réduction des difficultés [économiques] de manière à ce que celles-ci soient plus tolérables», a-t-il souligné à quelques mois des élections législatives de février.