Christophe Castaner a annoncé, ce 4 décembre, la création d'un «office national de lutte contre la haine». Le ministre de l'Intérieur, qui visitait le cimetière juif de Westhoffen, dont 107 tombes ont été profanées par des inscriptions antisémites la veille, a expliqué : «J'ai décidé ce matin, en lien avec le directeur général de la gendarmerie nationale, de créer auprès de lui [...] un office national de lutte contre la haine.» Le ministre a ajouté que cet organe serait notamment chargé de l'enquête sur cette profanation qui aurait, en outre, ciblé l'ancienne synagogue.
En réaction à cette nouvelle profanation, le chef de l'Etat Emmanuel Macron avait réagi sur Twitter : «Les Juifs sont et font la France. Ceux qui s'attaquent à eux, jusque dans leurs tombes, ne sont pas dignes de l’idée que nous avons de la France. L'antisémitisme est un crime et nous le combattrons, à Westhoffen comme partout, jusqu'à ce que nos morts puissent dormir en paix.»
Ce 4 novembre, le président du Consistoire israélite du Bas-Rhin, Maurice Dahan, a de son côté enjoint «les gens qui savent quelque chose» à parler. «Nous ne pouvons plus continuer d’accepter que les gens se taisent, que ceux qui voient quelque chose ne parlent pas. L’omerta n’a pas sa place en Alsace», avait-il déclaré sur France Bleu Alsace. Interrogé par l'AFP, Maurice Dahan a ajouté : «J'appelle à la vigilance citoyenne [...] on est à un point culminant de ce qui pourrait faire basculer la France dans une guerre civile.»
La région est confrontée, depuis plusieurs mois, à une recrudescence de graffitis et de dégradations à caractère raciste et notamment antisémite. Dans le Bas-Rhin, 96 tombes du cimetière juif de Quatzenheim, à une quinzaine de kilomètres de Westhoffen, avaient été souillées de tags antisémites le 19 février dernier, de même que celui de Herrlisheim, au nord-est de Strasbourg, le 11 décembre 2018.
A la mi-avril, des tags racistes et antisémites avaient été découverts sur les murs de la mairie de Dieffenthal, toujours dans le Bas-Rhin. Quelques jours plus tard, des croix gammées et des insultes avaient été taguées sur la façade de la maison d'une élue à Schiltigheim, près de Strasbourg.
Des écrits à caractère antisémite avaient également été découverts au début du mois de mars devant une école de Strasbourg, et des croix gammées sur les murs d'une ancienne synagogue à Mommenheim. Certaines mairies et permanences d'élus ont également été la cible de dégradations.
La veille de l'annonce de Christophe Castaner, dont les contours restent flous, les députés ont, par ailleurs, adopté une résolution controversée proposée plusieurs mois plus tôt par LREM, qui donne une nouvelle définition de l’antisémitisme, en reprenant celle formulée par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA). Devant le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) en février, Emmanuel Macron avait affirmé vouloir élargir la définition de l'antisémitisme à l'antisionisme.
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