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Municipales : Robert Ménard va-t-il concrétiser son rêve d'«union des droites» à Béziers ?

Le maire de Beziers pourrait concrétiser, au niveau local, son pari d'alliance des droites. Dans sa ville, où Les Républicains sont en mauvaise passe pour les municipales, des élus du parti pourraient le rejoindre, selon Le Figaro.

La digue, réputée infranchissable, que les plus hauts cadres Les Républicains (LR) s'évertuent à consolider entre eux et le Rassemblement national (RN), cédera-t-elle à Béziers, devant la mauvaise passe électorale du parti de droite ?

Le Figaro rapporte que le délégué local LR, Henri Gas, a consulté les adhérents du parti de la circonscription par SMS pour savoir si, au regard du «contexte actuel», ces derniers étaient intéressés par une «union des droites», qui se traduirait concrètement par une alliance avec le maire, élu avec le soutien du Rassemblement national (RN). 

Selon Henri Gas, 92% des 350 réponses reçues par le cadre local Les Républicains auraient été positives, bien que le parti ait déjà investi un candidat pour affronter Robert Ménard dans la ville, Lewis Marchand. «Robert Ménard, ce n’est pas le Rassemblement national», a justifié Henri Gas auprès du Figaro, son parti mettant un point d'honneur à refuser toute alliance avec la formation de Marine Le Pen. Contacté par France Bleu, LR tempère : seule une minorité des militants aurait été sondée, l'envoi du message aurait été très ciblé et orienté.

Prémices d'une scission chez les Républicains biterrois ?

Néanmoins, les mauvais résultats électoraux de ces dernières années de LR pourraient faire s'effriter au niveau local, les principes défendus par le parti. Et la personnalité atypique de Robert Ménard, qui fut un militant de la LCR (Ligue communiste révolutionnaire) dans sa jeunesse, puis adhérant du PS, pour finir soutenu par le RN sans jamais en avoir été membre, semble un bon moyen de s'arranger avec la ligne du parti, sans franchir ouvertement le tabou de l'alliance interdite. 

Le maire de Béziers a notamment déjeuné en octobre avec des élus locaux UDI, LR et RN, pour évoquer les élections à Sète (Hérault). A la fin du mois, le maire de Béziers diffusait alors plusieurs photos de lui en compagnie du chef des députés LR au Parlement européen, François-Xavier Bellamy, en visite à Béziers. «Un vrai plaisir de discuter avec une droite intelligente, loin du sectarisme habituel», écrivait-il à cette occasion.

De son côté, l'ancienne tête de liste avait déclaré être simplement venu pour afficher sa solidarité avec les villes touchées par les inondations, sans se préoccuper de la couleur politique des maires de ces communes. 

Béziers, ville laboratoire ?

S'allier avec la droite traditionnelle fait partie depuis longtemps des projets du maire de Béziers, qui utilise son ancrage local pour le concrétiser. Il avait ainsi dès mai 2016, lancé un mouvement baptisé «Oz ta droite», destiné à unir toutes les droites autour de valeur communes. Boudé par Marine Le Pen et abandonné en cours de route par Marion Maréchal, le rendez-vous de lancement du mouvement avait donné peu de résultats concrets en terme d'alliances. 

Côté Républicains, la direction du parti, passé dans la main de Christian Jacob mi-octobre, ne manifeste aucune volonté de changer de cap. Ainsi, le militant LR Erik Tegnér, qui a participé à l'organisation de la convention de la droite dont la vocation même était d'encourager l'union des droites (et donc un rapprochement avec le RN), fait actuellement l'objet d'une procédure d'exclusion. Les membres du parti qui s'allieront au niveau local avec celui de Marine Le Pen risquent fort, dans ce contexte, de subir le même sort. 

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