«L'Académie française n’a jamais été hostile à l’introduction et à l’usage de termes étrangers. Mais aujourd’hui elle se montre gravement préoccupée par le développement du franglais», a expliqué l'institution dans un communiqué adressé à l'AFP. Selon elle, «les violations répétées de la loi Toubon, qui a posé les règles de l’emploi du français dans la sphère publique, dénaturent notre langue, autant par l’invasion des termes anglo-saxons que par la détérioration qu’ils entraînent de sa syntaxe».
Si l’opinion ne prend pas la mesure du danger qui le menace, le français cessera d’être la langue vivante et populaire que nous aimons
L’Académie a tenu à avertir et mettre en garde le gouvernement : «Fidèle à la mission qui lui a été confiée de veiller sur la langue française et de la défendre, l’Académie alerte solennellement les pouvoirs publics et les invite en premier lieu à respecter eux-mêmes la loi». Avant d'ajouter fermement que «si ceux-ci ne réagissent pas vigoureusement, si l’opinion ne prend pas la mesure du danger qui le menace, le français cessera d’être la langue vivante et populaire que nous aimons».
Le «franglais» est de plus en plus utilisé, mais n’est pas toujours compris par tous. Par exemple, le 14 novembre dernier, Olivia Grégoire, députée LREM de Paris, avait posté sur le réseau social Twitter un message mélangeant le français et l'anglais : «Oui il est possible de faire du #purposewashing avec la #raisondetre, […] La contrainte varie, il sera impossible de faire du «societeamission-washing», avait-elle écrit. Un tweet suscitant de vives réactions puisque très peu de personnes avaient réellement compris le sens des mots «purposewashing» et «societeamission-washing». La députée avait alors dû s’expliquer à plusieurs reprises afin de rendre ses propos plus clairs.
Autre exemple, Emmanuel Macron avait, lui aussi, utilisé le «franglais» lors du sommet organisé sur l’Ile de la Réunion, en octobre dernier, nommé «Choose La Réunion». Certains internautes s’étaient indignés du choix de mélanger les deux langues, expliquant que les non-francophones ne pouvaient pas forcément en comprendre le sens.
Dernière femme accueillie à l'Académie française, la philologue Barbara Cassin avait profité de son discours inaugural sous la Coupole en octobre pour fustiger le «global English» et plaider pour le plurilinguisme. «Nous voulons contribuer à fabriquer une Europe résistante, qui refuse de s’en tenir à cette non-langue de pure communication qu’est le global English», avait déclaré l'académicienne. «Nous refusons que nos langues, celles que nous parlons, le français, l’anglais lui-même (celui de Shakespeare, d’Emily Dickinson ou de Churchill), deviennent de simples dialectes, à parler chez soi», avait-elle ajouté.