France

A cinq mois des municipales, Emmanuel Macron passe à l'offensive devant les maires (EN CONTINU)

Le chef de l'Etat s'est exprimé ce 19 novembre lors du congrès de l'Association des maires de France. Objectif : renouer avec les territoires avant les municipales, alors que les relations entre l'exécutif et les élus locaux restent compliquées.

Mardi 19 novembre

«Baisser les impôts d’un côté, les augmenter de l’autre, ce n’est pas démocratiquement souhaitable», dit Emmanuel Macron.

Emmanuel Macron adresse un message de soutien aux maires : «Beaucoup trop d’élus locaux ont été victimes d’agressions. La République vous doit protection. C’est l’objet du texte de loi [Engagement et proximité] défendu en ce moment à l’Assemblée nationale».

«Trop de fractures : c’est le principal constat du Grand débat national. Fracture territoriale, fracture numérique, fracture sociale, fracture identitaire et culturelle. Comme si la France n’était plus "une". Notre rôle : tout mettre en œuvre pour résorber ces fractures», a tweeté le chef de l'Etat.

Emmanuel Macron critique les maires qui ont pris des arrêtés anti-pesticides. «La toxicité d’un produit chimique, ce n’est pas la compétence du maire, et je vais vous dire, c’est une bonne chose pour vous».

Emmanuel Macron évoque la question du communautarisme :«Dans certaines communes, dans certains quartiers, progresse depuis quelques années, un projet de séparation d'avec la République», dit le président. Par conséquent, il a promis de nouvelles mesures contre le communautarisme «dans les prochaines semaines», affirmant que le gouvernement porterait «des actions nouvelles concrètes dans les prochaines semaines».

Pour autant, le chef d'Etat critique la proposition de Bruno Retailleau d'interdire des listes communautaires aux élections municipales.

«Ceux qui développent un projet communautariste, cet islam politique que j'évoquais, un projet de division de la nation, en détournant une religion de ses fondements, très souvent se cachent, se dissimulent. [...] Ce qui compte, c'est de faire tomber les masques», a-t-il également déclaré.

Sur le communautarisme :«Dans certaines communes, dans certains quartiers, progresse depuis quelques années un projet de séparation d'avec la République», dit le président.

Comme prévu, le chef de l'Etat évoque la sécurité et la lutte contre le terrorisme. «Il faut la République en actes», «lutter contre la délinquance» qui mine «la cohésion du pays», affirme-t-il. Avant d'ajouter que face à «l'esprit de division» dans les moments tragiques, il faut miser sur la «sérénité claire» face aux «amalgames».

Sur l'emploi, Emmanuel Macron affirme : «Nous recréons dans notre pays des emplois industriels, nous réouvrons des usines».

«Jamais je ne me résoudrai à ce que la France, la nation, se réduise à un archipel», dit Emannuel Macron devant les maires. Une référence à l'ouvrage de Jérome Fourquet, l'Archipel français, qui décrypte les fractures du pays.

«Je ne considère pas pour ma part que ce que notre pays a vécu il y a maintenant un an pendant des mois et des mois soit totalement derrière nous», a déclaré le président de la République, en référence, vraisemblablement, au mouvement des Gilets jaunes. «Cela vient de loin et cela durera», a-t-il ajouté.

Devant les maires de France, le président de la République lance : «Si vos électeurs vous reprochent la baisse [progressive de la taxe d'habitation], faites-le moi savoir !»

A propos de la crise des Gilets Jaunes, François Baroin, président de l’AMF, a déclaré à l'adresse d'Emmanuel Macron : « Vous avez eu raison d'organiser le Grand Debat et vous avez eu raison de vous appuyer sur les maires pour l'organiser.»

«Si le ton a changé, le fond est le même. [...] Les maires continuent à être trop souvent considérés comme des supplétifs de l’Etat», déclare André Laignel, vice-président de l'AMF.

Emmanuel Macron est accueilli par de timides applaudissements au Congrès des maires.

Emmanuel Macron fait un pas vers les élus locaux. Après avoir fait l'impasse sur le congrès de l’Association des maires de France (AMF) en 2018 - provoquant la colère de ces derniers - le chef de l'Etat est bien attendu, ce 19 novembre, Porte de Versailles, à Paris (XVe arrondissement).

L'enjeu est de taille : à cinq mois des élections municipales, deuxième test pour la macronie après les européennes, l'exécutif doit renouer avec la «France des clochers», dont les élus n'ont toujours pas digéré la suppression progressive de la taxe d'habitation d'ici 2022. 

Depuis, les relations entre Emmanuel Macron et les élus se sont apaisées. Le président s'est appuyé sur eux lors du grand débat national pour tenter de sortir de la crise des Gilets jaunes et s'est entretenu avec le président de l'AMF François Baroin - qui pourrait se présenter à la présidentielle en 2022 - afin de préparer ce 102e congrès des maires, du 18 au 21 novembre.

Ce 19 novembre à partir de 16h, Emmanuel Macron a donc prévu de jouer la carte de l'offensive avec les maires. Au menu, un discours sur «le régalien et le républicain», rapporte Le Figaro, puis sur la lutte contre le communautarisme avant un volet plus local, sur la décentralisation, où il est très attendu par les maires.

Le projet de loi Engagement et proximité examiné

Pendant le congrès, l'Assemblée nationale examinera jusqu'au 22 novembre le projet de loi Engagement et proximité, qui se veut une réponse concrète aux attentes des maires exprimées lors du grand débat, en particulier ceux des communes rurales.

En début de semaine, le président du Sénat, Gérard Larcher, a affirmé qu'il n'y aurait pas d'accord au Parlement «sans évolution sur plusieurs points durs», après que la commission des Lois de l'Assemblée a chamboulé la version adoptée en première lecture au Sénat.

Appelant Gérard Larcher à «garder une tonalité la plus sobre possible», le ministre auprès de la ministre de la Cohésion des territoires, Sébastien Lecornu, a promis «un avis favorable» du gouvernement au souhait des sénateurs d'«augmenter les plafonds» d'indemnités des maires, en promettant aussi une mesure «d'autonomie de chaque commune dans la fixation de ces indemnités».

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