France

Fondation d'une Union des imams : une association à visée communautariste ?

Le controversé et ex-chef de file du Collectif contre l’islamophobie en France, Marwan Muhammad, est l'un des fondateurs d'une initiative visant à «unir» les imams musulmans, «au-delà des sensibilités». 200 imams auraient déjà rejoint cette Union.

Fondateur de l'association Les Musulmans et ex-directeur du controversé du CCIF, le Collectif contre l'islamophobie en France (régulièrement accusé de promouvoir le communautarisme), Marwan Muhammad est à l'origine de la création d'une Union des imams (UDI) depuis le 28 octobre. Au 31 octobre, la page Facebook de la plateforme «L.E.S. Musulmans» assure que «plus de 200 imams/enseignants ont déjà rejoint l’Union Des Imams». 

«Cette assemblée n’aura pas pour but de traiter de questions théologiques, de s’opposer à propos de convictions personnelles, ou encore d’émettre des fatâwas, il est plutôt question de s’unir, au-delà des sensibilités», affirme la plateforme «L.E.S. Musulmans».

L'UDI semble principalement vouloir être un «réseau» de soutien pour des imams. Ses objectifs sont variés : «Être en mesure de défendre massivement un confrère s'il est injustement pointé du doigt par certains médias.», ou encore «apporter des conseils juridiques aux membres qui rencontrent des difficultés dans l'exercice de leurs fonctions».

A y regarder de plus près, la création d'une telle association soulève plusieurs questions. Si l'UDI assure qu'elle «ne doit pas promouvoir une vision sectaire ou obscurantiste de la religion», aucune critique directe sur le fondamentalisme religieux ou le salafisme n'y figure. Ces courants font-ils partie des sensibilités acceptées pour intégrer l'Union de ces imams ?

Certains objectifs peuvent également être vus comme une prolongation du combat communautariste. Une sorte de «en même temps» afin de ne pas révéler un but non avouable ? L'UDI dit ainsi avoir «pour seuls objectifs de satisfaire son Créateur et d'être au service des musulmans et de la société». L'UDI déclare également être convaincue «que le Coran et la Sounnah sont les deux sources premières de la législation musulmane, et que l'interprétation qui en a été faite par nos savants est le fruit d'un effort de réflexion qui, tout en méritant notre respect et considération, ne constitue pas une norme absolue et immuable». La législation musulmane doit-elle être considérée comme supérieure à celle de la République ? Dans la charte, pas de réponse.

Autre point polémique, l'UDI précise dans sa charte d'adhésion qu'elle «reconnaît la légitimité des 4 écoles sunnites». Cela ne signifie-t-il pas que l'UDI exclut de fait une minorité chez les musulmans de France, les chiites ?

Dans les faits, il semble que l'initiative de L'UDI veuille faire concurrence au Conseil français du culte musulman (CFCM) qui, le 17 octobre, avait annoncé réfléchir à la mise en œuvre d'un «conseil de l'ordre des imams». Celui-ci permettrait de délivrer aux imams une «habilitation», afin de lutter contre la radicalisation. Si un imam a un discours «contraire aux lois de la République, le conseil de l'ordre pourrait lui retirer cette habilitation», avait précisé le 17 octobre Anouar Kbibech, vice-président du CFCM. La bataille des imams est de fait lancée entre l'UDI et le CFCM. Et c'est peut-être une vision de la place de l'islam au sein de la République qui est aussi en train de se jouer.

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