L'agriculteur militant pro-migrants Cédric Herrou a été interpellé le 26 octobre et placé en garde à vue à Nice pour la onzième fois après un contrôle de police près de la frontière italienne. Il a été remis en liberté vers 18h30, sans poursuites contre lui «à ce stade», selon son avocat, Zia Oloumi.
Cédric Herrou, qui a monté la première communauté rurale «Emmaüs de France» sur sa propriété de Breil-sur-Roya (Alpes-Maritimes), a été interpellé en début de matinée du 26 octobre sur l'autoroute A8 au péage de La Turbie, avec deux compagnons d'Emmaüs. «Il se rendait, comme fréquemment, au marché de Saint-André-de-la Roche près de Nice pour vendre ses œufs et ses légumes quand les CRS l'ont contrôlé ainsi que ses deux passagers», a raconté l'avocat.
«Cédric a alors filmé ses compagnons en train de se faire contrôler par les policiers lorsque ces derniers lui ont intimé l'ordre d'arrêter. Cédric a indiqué qu'il était en droit de filmer et là, ils l'ont plaqué contre sa voiture et placé en garde à vue», a ajouté l'avocat.
Selon Zia Oloumi, les policiers ont évoqué un motif d'«aide à l'entrée d'étrangers en situation irrégulière», avant de se rendre compte que les deux compagnons d'Emmaüs qui étaient avec Cédric Herrou, originaires d'Afrique, étaient en situation régulière. Ces deux personnes ont été libérées plus tôt dans la journée, avant Cédric Herrou, selon l'avocat.
Dans un tweet, le député et chef de file de La France Insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon s'est indigné : «Le nouveau placement en garde-à-vue de Cédric Herrou est un acte de vengeance d'une police qui ne supporte pas la décision de justice qui l’a relaxé. Ça suffit l'arbitraire !»
Cédric Herrou a été condamné en 2017 à quatre mois de prison avec sursis pour aide à l'immigration clandestine. Devant le Conseil constitutionnel, il a toutefois obtenu cet été une victoire emblématique: l'instance a consacré pour la première fois le «principe de fraternité» comme l'un des grands principes du droit français en estimant que qu'une aide désintéressée au «séjour irrégulier» des étrangers ne saurait être passible de poursuites. Il doit être rejugé par la cour d'appel de Lyon à une date qui n'a pas encore été fixée.
Cédric Herrou est actuellement aussi sous contrôle judiciaire dans le cadre d'une instruction en cours au tribunal de Grasse (Alpes-Maritimes) pour «aide au séjour irrégulier».