La procédure a-t-elle été montée de toute pièce? Camille Halut, une observatrice des pratiques policières pour la Ligue des droits de l'Homme (LDH), poursuivie pour «entrave à la circulation» lors d'une manifestation de Gilets jaunes, a été relaxée le 3 octobre par le tribunal correctionnel de Montpellier.
Dans son jugement, le président du tribunal Philippe Tremblay a déclaré que «sur le fond, le tribunal s'interroge[ait] de l'entière procédure», ajoutant que les policiers avaient recherché une infraction a posteriori alors que Camille Halut était déjà identifiée.
«Votre présence n'a rien changé à la situation qui était déjà bloquée», a-t-il dit à la jeune femme, qui était la seule poursuivie alors que quelque 300 personnes avaient bloqué l'autoroute près de Montpellier le 6 avril. «Vous n'avez commis aucun acte hors de votre mission d'observation», a-t-il conclu.
A l'audience le 1er octobre, le parquet avait requis une peine de 150 euros d'amende contre l'observatrice. L'avocat de la jeune femme, Michel Tubiana, ex-président de la LDH, avait, lui, dénoncé une manœuvre «d'intimidation» à l'égard des observateurs de violences policières mandatés par son organisation, estimant qu'il y avait une tentative de les «museler».
Camille Halut avait porté plainte à plusieurs reprises contre des policiers, notamment pour injures lors de manifestations.
Des injures à l'égard des observateurs qu'a pu constater le journaliste de RT France Frédéric Aigouy en marge de la manifestation des Gilets jaunes à Toulouse le 28 septembre. Ce jour-là, dans une rue vide de la ville rose, cinq observateurs de la LDH, de la fondation Copernic et du Syndicat des avocats, ont été malmenés par les forces de l'ordre à coup de gaz lacrymogènes, de matraques et d'insultes.
«Je vous emmerde la LDH [...] vous nous pétez les c*******», avait par exemple répondu un agent des forces de l'ordre à un observateur de la LDH des pratiques policières qui protestait contre la façon dont lui et ses camarades venaient d'être malmenés.
Trois observateurs ont été touchés physiquement, deux ayant reçu des coups de matraque, l’un d'entre eux souffrant de «contusions et d’une côte fêlée», a confirmé la LDH de Toulouse. Notre journaliste a lui aussi reçu des coups de matraque, à deux reprises, de la part de policiers.