«Combien de Christine Renon devront donner leur vie ?» : tel était l'un des slogans de la mobilisation à Bobigny le 3 octobre, rassemblant des milliers de personnes, le jour des obsèques de la directrice d'école Christine Renon. Celle-ci s'était suicidée le 21 septembre dans son école, à Pantin, après avoir dénoncé les pressions subies et ses conditions de travail dans une lettre.
On peut tous se reconnaître dans la lettre de Christine
Sur une pancarte en carton, Isabelle, enseignante à Clichy-sous-Bois venue protester devant les locaux de l'Education nationale de Seine-Saint-Denis, a simplement inscrit : «Je suis Christine Renon.» «On peut tous se reconnaître dans la lettre de Christine. Nos conditions de travail sont exécrables, c'est pour ça qu'on a du mal à recruter en Seine-Saint-Denis. Le geste qu'elle a fait, tout le monde pourrait le faire», dit-elle, tremblante, au milieu de centaines de directeurs, enseignants et parents d'élèves.
«Blanquer démission !» Durant la manifestation, nombreux ont crié leur colère contre le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer. Selon eux, le ministre est coupable d'entretenir des conditions de travail de plus en plus déplorables au sein de l'Education nationale. Présent dans le cortège, le député de La France insoumise Alexis Corbière a estimé que le geste de Christine Redon avait «une dimension collective dans ce que vivent les gens».
Le 23 septembre au petit matin, la gardienne de l'école Méhul à Pantin avait découvert le corps de cette femme de 58 ans dans le hall de l'établissement. Deux jours plus tôt, juste avant de se donner la mort, cette directrice décrite comme «hyper investie» avait pris le soin d'adresser à une trentaine de ses collègues une lettre de trois pages dans laquelle elle détaillait «son épuisement», la solitude des directeurs, l'accumulation de tâches «chronophages» ainsi que les réformes incessantes et contradictoires.