France

«Alternative au progressisme» : la question identitaire au cœur de la convention de la droite

Marion Maréchal, Eric Zemmour, Robert Ménard mais aussi Raphaël Enthoven : la convention de la droite a vu se succéder nombre d'orateurs à sa tribune pour discuter de «l’alternative au progressisme». Et commencer à préparer, dès maintenant, 2022.

En milieu de matinée, les équipes de militants s'activent au sein de la Palmeraie, espace événementiel du XVe arrondissement qui accueille ce 28 septembre «la convention de la droite», co-organisée par le magazine L'Incorrect, le mouvement politique Racines d'avenir ainsi que le Cercle Audace.

Quelque 2 000 participants ont fait le déplacement pour le rendez-vous qui se veut être «l'un des temps forts de la vie politique française», notamment avec les interventions de l'écrivain polémiste Eric Zemmour, de l'ancienne députée du Vaucluse Marion Maréchal, ou encore du maire de Béziers, Robert Ménard.

Je viens ici pour qu'on mette un nom et un visage sur nos idées, pour qu'on puisse gagner [l'élection présidentielle] dans trois ans

«L'enjeu des organisateurs, c'est de faire des débats», commente celui-ci au micro de RT France avant l'arrivée des visiteurs. Et le cofondateur et ancien président de Reporters sans frontières de préciser ses motivations personnelles pour la journée : «Je viens ici pour qu'on mette un nom et un visage sur nos idées, pour qu'on puisse gagner [l'élection présidentielle] dans trois ans.»

Peu avant l'ouverture des portes au public, les rues sont encore vides autour de la Palmeraie. Une légère brise chasse les nuages au dessus du quartier, tandis que vrombissent les hélicoptères de la base de la Sécurité Civile située à quelques dizaines de mètres de là. Il est à peine midi quand le responsable de la sécurité de l'événement briefe pour la dernière fois son équipe sur les techniques de fouille des visiteurs.

A l'entrée du bâtiment, un premier stand propose des sacs en toile contenant les produits dérivés prévus pour l'événement, un autre présente les œuvres littéraires des intervenants. Plus loin, associations, organismes et instituts – tels que SOS Chrétiens d'Orient, l'Avant-Garde ou encore l'Institut pour la Justice – se préparent à recevoir les participants.

L'enceinte qui s'apprête à voir défiler les intervenants se situe au premier étage. Palmiers factices à l'entrée, murs recouverts de rideaux étoilés, ou encore écrans installés de part et d'autres des rangées de siège : le décor est planté. A l'ouverture des portes, la salle se remplit rapidement.

Zemmour, sans filtre

Premier à prendre la parole, Eric Zemmour fait une entrée fracassante sur la scène, sous les applaudissements du public.

Fidèle à son style, le polémiste opte pour un texte virulent visant tour à tour plusieurs personnalités du camp Macron. La porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye est par exemple épinglée pour ses récents propos sur les habitudes culinaires de Français ; la ministre de la Santé Agnès Buzyn n'échappe pas aux charges de l'écrivain qui ne lui pardonne pas d'avoir déclaré qu'«un père, ça p[uisse] être une femme». Eric Zemmour se livre dans la foulée à une longue diatribe à l'encontre du «progressisme», ou encore de ce qu'il qualifie d'«universalisme droit de l'hommiste».

La question identitaire est une question de vie ou de mort

Le chroniqueur ne manque pas de fustiger les conséquences de ce qu'il présente comme l'islamisation de son pays, n'hésitant pas à évoquer la présence d'«enclaves étrangères en France», il insiste alors sur le fait que, selon lui, il faille «remettre à l'honneur la préférence nationale». Enfin l'écrivain polémiste tire la sonnette d'alarme sur la préservation de l'identité, combat qu'il juge prioritaire : «La question identitaire est une question de vie ou de mort», tonne-t-il.

Enthoven, le contradicteur 

Après l'intervention très applaudie du maire de Béziers, essentiellement axée sur la nécessité selon lui de préserver l'identité française «sur le terrain», d'être auprès de la population, s'ensuit le discours du philosophe Raphaël Enthoven qui a accepté l'invitation des organisateurs en tant qu'orateur de l'objection. «Je suis venu parce que la diabolisation a le triple effet de vous rendre service, de vous faire trop d'honneur et de donner bonne conscience à celui qui diabolise», déclare-t-il à un public dans l'ensemble reconnaissant envers la démarche de l'écrivain, malgré quelques huées qui rythment son intervention. De fait, le ton monte alors que Raphaël Enthoven n'hésite pas à multiplier les piques envers ses adversaires politiques. «Qui aime le mieux son pays ? Qui en France est vraiment patriote ?», lance-t-il par exemple à son auditoire qui finira par applaudir son intervention.

A la suite des premières prestations qui ont chacune captivé le public à leur manière, les discours se poursuivent autour du thème de la journée : «l’alternative au progressisme».

Autorisations d'accès : l'équipe de Quotidien semi-accréditée

Quant aux journalistes, si la plupart bénéficient de l'accréditation nécessaire pour aller et venir dans l'enceinte du bâtiment, d'autres n'ont visiblement pas eu cette chance. L'équipe de l'émission Quotidien (TMC) par exemple, qui s'était dans un premier temps vue refuser l'accès à l'événement, a finalement été accréditée. «On a un badge qui nous permet pas d'accéder à la conférence», déplorent toutefois les membres de l'équipe, qui montrent la mention RDC (pour rez-de-chaussée) figurant de fait sur leur autorisation. Après une brève montée de tension entre ces refoulés du premier étage et des membres de l'équipe de sécurité, des organisateurs interviennent : «Au vu de l'espace restreint réservé aux journalistes dans la salle, nous n'avons pas pu faire monter tout le monde, vous n'êtes pas les seuls», précise alors l'un d'entre eux.

Au fil des interventions, certains participants, ici et là, s'autorisent de petites pauses. Au fumoir situé à l'extérieur, des discussions s'organisent en petits groupes. Paul, la trentaine, militant LR, salue pour sa part l'initiative de Raphaël Enthoven. «C'est un gars brillant», confie-t-il, estimant toutefois que le philosophe a pu se méprendre sur l'auditoire. «On n'est pas venu ici pour défendre la peine de mort», explique-t-il par exemple en référence à certaines insinuations de l'intellectuel à ce sujet. «C'est pareil pour son discours sur le passé de la France», renchérit-il avant de préciser sa pensée : «Il est faux de nous attribuer un regard uniquement lumineux sur notre passé alors que nous ne négligeons pas les aspects sombres. En revanche, on refuse de réduire le passé de la France uniquement à ses heures sombres, comme le font certains.» Son interlocuteur de terrasse, Jean, un professionnel du marketing, ajoute : «Il ne faut pas donner le monopole des aspects sombres du passé à l'Occident.» Et le trentenaire de commenter la prestation d'Eric Zemmour : «Il s'est exprimé sans filtre... S'il lissait son discours, il pourrait convaincre beaucoup de Français.»

Certains remontent au premier étage pour ne pas manquer les interventions en cours, d'autres prolongent leur pause autour d'un verre. Ici et là, les participants partagent leur enthousiasme de la journée. Visiblement très appréciée, la prestation de Robert Ménard est largement commentée. «Il est devenu un homme de terrain», se félicite-t-on ici. «Il veut vraiment que quelque chose se passe aujourd'hui» entend-on là.

Le soir, Marion Maréchal, star de la journée, fait son entrée sous les applaudissements nourris de l'assistance. Pendant près d'une demi-heure, celle qui se dit «retraitée» de la politique à 29 ans présente les cinq défis sur lesquels se jouera, selon elle, la place de la France au XXIe siècle : «Le grand remplacement, le grand déclassement, le grand épuisement écologique, le grand basculement anthropologique et le grand affrontement des puissances». Fustigeant les «délires du camp progressiste», Marion Maréchal appelle ses troupes à ne pas perdre espoir. Et conclut son intervention ainsi : «Alors agissons, agissons au-delà de nos petits intérêts catégoriels, agissons chacun où nous sommes, selon nos talents et nos passions. Et demain, nos idées seront au pouvoir !» L'ovation qui suit son départ en dit long : tous ici n'ont qu'un seul espoir, celui de voir la prophétie de Marion Maréchal se réaliser dès 2022. 

Fabien Rives

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