Un pavé dans la mare de la gauche française ? Le chef de file du Parti communiste français (PCF) Fabien Roussel a tenu un discours plutôt inattendu pour son camp, en se disant favorable à ce que les autorités «stoppent» une certaine immigration qu'encourage selon lui la législation européenne.
«Parlons-en de l'immigration ! Je suis pour stopper cette immigration organisée par les traités libéraux de Bruxelles qui met les salariés, les ouvriers en concurrence entre eux. Parlons de ça ! Parlons chiffres», a déclaré le député sur le plateau de France 3 Nord le 23 septembre, évoquant notamment la question des travailleurs détachés.
Interrogé sur le lancement annoncé d'un débat parlementaire sur l'immigration, à l'initiative du président de la République, le secrétaire national du PCF a souhaité que l'on aborde ce sujet de but en blanc.
Parlons aussi de ces chefs d'entreprise qui utilisent l'immigration illégale et font travailler des pauvres gens qui ont fui leur pays
«Parlons aussi de ces chefs d'entreprise qui utilisent l'immigration illégale et font travailler des pauvres gens qui ont fui leur pays et qui aujourd'hui travaillent pour rien dans des hôtels, dans la restauration ; ça c'est insupportable. Je comprends la colère des Français et je suis pour mettre ces sujets sur la table» a-t-il ajouté. Le député communiste a tenu à préciser qu'il fallait «pouvoir aborder ces questions de manière sereine» et a aussi fait référence au droit d'asile, pour ceux qui sont «persécutés dans leurs pays».
Le retour d'un PCF «à l'ancienne» ?
Si le propos peut surprendre dans la bouche d'un actuel responsable communiste, il n'est pas sans rappeler la célèbre prise de position ant-immigration du secrétaire général historique du PCF Georges Marchais, il y a quatre décennies.
«Il faut stopper l'immigration officielle et clandestine ! Il est inadmissible de laisser entrer de nouveaux travailleurs immigrés en France alors que notre pays compte déjà près de deux millions de chômeurs français et immigrés», avait par exemple déclaré Georges Marchais le 27 mars 1980, lors d'un meeting communiste tenu à la porte de Pantin.
L'année suivante, le 20 février 1981, il assumait de «poser le problème de l'immigration», dans un discours à Montigny-les-Cormeilles resté célèbre, tout en répondant à ses contradicteurs issus notamment du Parti socialiste.
Dans l'histoire politique plus récente, le président François Hollande avait fait référence aux anciens discours anti-immigration du PCF, en comparant le discours de Marine Le Pen à un «tract du Parti communiste des années 1970» en avril 2015 sur Canal+. Plusieurs cadres du PCF, dont son secrétaire national Pierre Laurent, avait alors vivement contesté ce parallèle.