«La conception délibérée d'un enfant privé de père constitue une rupture anthropologique majeure qui n'est pas sans risques pour le développement psychologique et l'épanouissement de l'enfant» : le 21 septembre, l'Académie nationale de médecine a publié un rapport pointant ses inquiétudes sur l'ouverture de la PMA aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires.
Dans celui-ci, l'Académie affirme que son objet n'est pas de «donner un avis» sur une «mesure sociétale», mais estime qu'il est de son «devoir de soulever un certain nombre de réserves liées à de possibles conséquences médicales».
Cet avis sur la loi de bioéthique, dont l'ouverture de la PMA est la mesure la plus symbolique, a été adopté en séance par l'Académie mardi 17 septembre, par 69 voix pour, 11 contre et 5 abstentions. Son rapporteur est l'ancien ministre de la Santé Jean-François Mattei.
L'Académie «reconnait la légitimité du désir de maternité chez toute femme quelle que soit sa situation», mais juge qu'«il faut aussi au titre de la même égalité des droits tenir compte du droit de tout enfant à avoir un père et une mère dans la mesure du possible».
De plus en plus malmenée par les évolutions sociétales, la figure du père reste pourtant fondatrice pour la personnalité de l'enfant
«L'argument régulièrement avancé pour rejeter le risque pour l'enfant se fonde sur certaines évaluations, essentiellement dans quelques pays anglo-saxons et européens, faisant état de l'absence d'impact avéré sur le devenir de l'enfant», poursuit l'Académie. Mais elle ne juge «pas très convaincantes ces données au plan méthodologique, en nombre de cas et en durée d'observation sur des enfants n'ayant pas toujours atteint l'âge des questions existentielles».
L'Académie estime par ailleurs que, «de plus en plus malmenée par les évolutions sociétales, la figure du père reste pourtant fondatrice pour la personnalité de l'enfant comme le rappellent des pédopsychiatres, pédiatres et psychologues».
Le projet de loi de bioéthique sera débattu à partir du 24 septembre à l'Assemblée, promettant des débats intenses sur l'extension de la PMA à toutes les femmes. Selon ses statuts, l'Académie nationale de médecine peut être saisie d'une demande d'avis par le gouvernement et peut aussi s'autosaisir sur toute question concernant les domaines de la santé et de l'éthique médicale.