France

Snowden réfugié politique en France ? L'Elysée tempère l'enthousiasme des macronistes

La garde des Sceaux a été recadrée après s'être dite favorable à la demande d'asile d'Edward Snowden, tandis que Nathalie Loiseau renvoie la balle à l'Ofpra. Impossibilité d'aider un lanceur d'alerte et «en même temps» de s'opposer à Washington ?

Respecter de nobles principes ou ne pas froisser l'Oncle Sam ? C'est le dilemme auquel fait face l'exécutif français, après que le lanceur d'alerte Edward Snowden, actuellement réfugié à Moscou, a fait savoir qu'il «aimerait beaucoup» obtenir l'asile politique en France. Invitée à réagir sur le sujet sur le plateau du Grand Jury RTL, Le Figaro, LCI, la ministre de la Justice Nicole Belloubet, qui ne s'était vraisemblablement pas concertée avec son supérieur sur la question, a marqué un temps de réflexion, avant de finalement se dire favorable.

Mais la garde des Sceaux a-t-elle été un peu vite en besogne, sous-estimant le pouvoir de persuasion, voire de nuisance, de Washington ? L'Elysée a en tout cas tempéré, faisant savoir à RTL qu'il s'agissait là d'une prise de position personnelle.

Inculpé aux Etats-Unis pour espionnage et vol de secrets d'Etat, après avoir apporté au public les preuves d'un système de surveillance de masse, mis en place par Washington, Edward Snowden a récemment fait savoir qu'il «aimerait beaucoup» obtenir l'asile en France.

«On ne veut pas que la France devienne comme tous ces pays que vous n'aimez pas. Le plus triste de toute cette histoire, c'est que le seul endroit où un lanceur d'alerte américain a la possibilité de parler, ce n'est pas en Europe, mais ici [en Russie]», a expliqué le lanceur d'alerte lors d'un entretien diffusé par France Inter le 16 septembre.

Loiseau dithyrambique, mais...

Egalement interrogée par France Inter sur le sujet, une autre figure de la macronie, l'eurodéputée Nathalie Loiseau, s'est dite «absolument» favorable à l'accueil en France de l'ancien de la NSA.

«Edward Snowden c'est quelqu'un qui a rendu service à l'humanité, c'est quelqu'un qui nous a montré, preuves à l'appui, qu'il y avait un système de surveillance extraordinairement vaste, travaillant avec des entreprises qui acceptaient de donner leurs données dans le dos de leurs utilisateurs», a-t-elle expliqué, avant de lancer, dithyrambique : «Merci Edward Snowden !»

«Aucun pays européen n'a donné l'asile à Snowden, on est en décalage complet par rapport aux valeurs qu'on porte», a encore remarqué la membre de LREM... avant d'estimer qu'il ne revenait pas à l'exécutif de répondre à la demande, mais plutôt à l'Office de protection des réfugiés (Ofpra). Une manière d'éviter de prendre ses responsabilités, tout en prônant de belles valeurs ? 

Des paroles aux actes ?

«Ce n'est pas seulement la France qui est en question, c'est le monde occidental, c'est le système dans lequel on vit. Protéger les lanceurs d'alerte, accueillir quelqu'un comme moi, ce n'est pas attaquer les Etats-Unis», plaidait Edward Snowden sur France Inter pour appuyer sa demande.

Mais vraisemblablement, le célèbre leitmotiv macronien ne sera pas de mise pour l'instant, alors que Paris se voyait demander d'offrir l'asile à un dissident politique, et «en même temps»... de s'opposer à Washington.

Louis Maréchal