France

«Affairisme», «présumé innocent» : la mise en examen de Richard Ferrand fait réagir (EN CONTINU)

Mis en examen pour «prise illégale d'intérêts», Richard Ferrand a s'est dit «déterminé à poursuivre [sa] mission» à la tête du palais Bourbon. Si le chef d'Etat lui garde toute sa confiance, des membres de l'opposition ont appelé à sa démission.

Vendredi 13 septembre

Après la mise en examen de Richard Ferrand, sa compagne était à son tour entendue par les juges au sujet de l’affaire des Mutuelles de Bretagne le 12 septembre : Sandrine Doucen a été placée dans la soirée sous le statut de témoin assisté pour «complicité de prise illégale d’intérêts et recel», a annoncé le parquet de Lille qui a précisé que les trois juges lillois en charge de l’enquête «ont décidé de placer Mme Sandrine Doucen sous le statut de témoin assisté pour complicité de prise illégale d’intérêts et recel. Elle était également entendue en qualité de représentante légale de la SCI SACA. La personne morale a été placée sous le statut de témoin assisté pour recel.»

Jeudi 12 septembre

Richard Ferrand «a des fonctions qui nécessitent d'être au-dessus de tout soupçon», estime pour sa part Sergio Coronado, ancien candidat LFI aux européennes.

Pour Nicolas Dupont-Aignan, «quand on est mis en examen, on se retire».

S'exprimant sur TF1, Edouard Philippe exprime son «amitié» et son «soutien total» à Richard Ferrand.

«Je n'ai pas le droit de m'exprimer sur la décision de justice pour des raisons liées à la séparation des pouvoirs [...] mais permettez-moi de dire, en tant qu'Édouard Philippe à Richard Ferrand, l'amitié réelle que je lui porte, le soutien qui est total et la confiance que j'ai dans sa capacité à faire valoir son innocence», a souligné le chef du gouvernement, estimant que Richard Ferrand pouvait «continuer à assurer la présidence de l'Assemblée nationale dans de bonnes conditions».

Le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a estimé que Richard Ferrand ne devait pas démissionner de la présidence de l'Assemblée nationale, anticipant et regrettant une «mise au pilori».

Répondant à un journaliste qui lui demandait si Richard Ferrand devait, à son avis, démissionner, le patron des députés Insoumis, de retour d'Amérique du sud, a répondu : «Peut-être qu'il y a un an, je vous aurais donné raison. Maintenant, je sais que c'est des menteurs [les juges], peut-être que Richard Ferrand est tombé dans un piège.»

«Il existe dans ce pays la présomption d’innocence», a-t-il souligné, estimant : «Monsieur Ferrand va être mis au pilori pendant plusieurs jours [comme] Quasimodo» : «les gens passent et lui jettent des pierres, là c'est pareil, un premier juge déclare un non-lieu, un autre le met en examen.»

«Je ne crois personne, je ne crois pas les juges [...] je n'ai pas confiance dans la justice», a encore affirmé Jean-Luc Mélenchon, promettant de ne pas sombrer dans «la logique formelle, selon laquelle "ils sont tous inculpés donc c'est tous les mêmes"».

Evoquant les procédures en cours contre sa formation, le leader insoumis a ajouté : «La France n'est plus la France qu'on a connue, mais un pays dans lequel la brutalité et la violence du pouvoir s'exerce comme jamais jusque-là, et qui nous fait passer les moments du passé comme des moments de grande tranquillité.»

Au micro de notre reporter, Jean Lassalle, député de la 4e circonscription des Pyrénées-Atlantiques, Gilles Le Gendre, député de la 2e circonscription de Paris et Philippe Gosselin, député de la 1er circonscription de la Manche, ont réagi à la mise en examen de Richard Ferrand.

Hubert Coudurier, directeur de l'information du Télégramme, réagit à la mise en examen de Richard Ferrand, sur le plateau de RT France.

Notre reporter Katia Pecnik a récolté, dans les couloirs de l'Assemblées les réactions des députés.

L'eurodéputé LR François-Xavier Bellamy a jugé qu'«en réalité, les députés LREM avaient déjà trahi leur promesse de moraliser la vie politique dès la première semaine de leur mandat, quand ils ont élu Richard Ferrand à leur tête parce que les affaires l’avaient obligé à quitter le gouvernement.»

Répondant aux question de LCP, Gilles Le Gendre, président du groupe LREM à l'Assemblée nationale, a soutenu son collègue du palais Bourbon. «J’apporte un soutien total à Richard Ferrand […] qui est un soutien de principe. La décision est tombée. Nous n’en contestons absolument pas la légitimité […] Je suis absolument convaincu que l’examen des faits permettra de démontrer l’intégrité de Richard Ferrand», a-t-il assuré, ajoutant qu'«à [ses] yeux il [devait] rester président» de l'institution.

Richard Ferrand a fait savoir qu'il resterait président de l'Assemblée après sa mise en examen. Or, d'anciennes déclarations de l'intéressé et d'autres membres du camp Macron, datant de 2017, semblent s'inscrire en porte-à-faux avec cette décision.

Philippe Gosselin, député LR de la Manche, s'est exprimé au micro de LCP, évoquant une «catastrophe» pour la majorité présidentielle. «Je n’ai pas à être juge à la place des juges. Laissons l’autorité judiciaire, le pouvoir judiciaire faire son travail. Mais au-delà de ces aspects juridiques, je constate que politiquement c’est la panique. La majorité est complètement désorientée […] C’est catastrophique pour la majorité et pour l’acte 2 du quinquennat», a-t-il déclaré.

S'exprimant sur RFI, la porte-parole des Républicains, Lydia Guirous, a estimé que la position de Richard Ferrand était «très difficilement tenable sur le long terme», tout en rappelant la nécessité de «laisser faire la justice».

Régis de Castelnau, avocat et animateur du blog Vu du Droit, réagit à la mise en examen du président de l'Assemblée nationale : «Il était temps», juge-t-il lors d'un entretien à RT France.

François Ruffin, député du groupe La France insoumise (LFI), a rappelé que Christophe Castaner, alors qu'il était porte-parole du gouvernement en juin 2017, avait déclaré : «Si Richard Ferrand [qui était alors ministre de la Cohésion des territoires] était mis en examen, il serait immédiatement démis de ses fonctions.»

Le délégué général de LREM, Stanislas Guerini, également député de la 3e circonscription de Paris, a apporté son soutien à Richard Ferrand sur Twitter. «Au nom de LaREM, je renouvelle ma confiance et mon soutien à Richard Ferrand. C’est un homme d’Etat exemplaire dont je connais l’intégrité et le dévouement au service de notre pays. Une 1ère plainte avait déjà été classée sans suite. Ne confondons pas instruction et condamnation», a-t-il commenté.

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a à son tour appelé à la démission de Richard Ferrand.

Le député (RN) Louis Aliot a lui aussi prôné la démission de Richard Ferrand : «Il occupe une fonction suprême en haut de l'appareil d'Etat, il devrait démissionner mais il n'en a pas l'obligation», a-t-il déclaré sur RMC/BFMTV. Et d'ajouter : «Il a un pouvoir de discipline sur les autres députés. Donc pour assurer sa neutralité de jugement à l'avenir, il vaudrait mieux qu'il démissionne. C'est sa responsabilité et c'est ma conception des choses.»

La députée La République en marche (LREM) Aurore Bergé a fait valoir la présomption d'innocence à l'égard de Richard Ferrand, mis en examen pour «prise illégale d'intérêts» dans l'affaire des Mutuelles de Bretagne : «Il y a un principe intangible qui vaut pour chaque Français et qui vaut aussi pour Richard Ferrand : une mise en examen n'a jamais été une présomption de culpabilité. Il n'y a aucune raison pour que le président de l'Assemblée nationale démissionne», a-t-elle déclaré sur LCI.

«Au plus haut sommet de l'Etat, Macronisme rime avec affairisme !», a réagi à la mise en examen de Richard Ferrand le président de Debout La France (DLF) Nicolas Dupont-Aignan.

Partant, le chef de parti a appelé à la démission du président de l'Assemblée nationale : «Il ne peut rester en fonction alors qu'il est mis en examen pour prise illégale d'intérêts dans l'affaire des Mutuelles de Bretagne», a-t-il martelé.

Richard Ferrand «est présumé innocent» et «quand bien même il serait» mis en examen, «il serait toujours présumé innocent», a réagi pour sa part Sébastien Chenu, porte-parole du Rassemblement national (RN) sur BFMTV.

Invitée ce 12 septembre sur Europe 1, la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, a expliqué qu'il était «logique» que le président de la République «conserve toute sa confiance» à Richard Ferrand après sa mise en examen dans l'affaire immobilière des Mutuelles de Bretagne. 

Le parquet de Lille a annoncé dans la nuit du 11 au 12 septembre la mise en examen Richard Ferrand pour prise illégale d'intérêts dans l'affaire immobilière des Mutuelles de Bretagne. Le président de l'Assemblée nationale a pris «acte de cette mesure procédurale qui va lui permettre de pouvoir se défendre dans ce dossier» et a assuré «rester serein sur l’issue de la procédure, au regard du classement sans suite de l’ensemble des griefs de la première plainte» en octobre 2017, «d’autant plus qu'aucun élément nouveau n’a été versé à ce dossier dans lequel il n’y a ni préjudice ni victime».

Lire aussi : Richard Ferrand entendu par la justice sur des soupçons de prise illégale d'intérêts