France

Richard Ferrand entendu par la justice sur des soupçons de prise illégale d'intérêts

Ce 11 septembre, le président de l'Assemblée nationale a été auditionné par la justice à Lille dans l’affaire immobilière des Mutuelles de Bretagne après une plainte d'Anticor. Le titulaire du perchoir est soupçonné de prise illégale d'intérêts.

Le président LREM de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, quatrième personnage de l'Etat, était auditionné le 11 septembre par la justice à Lille pour des soupçons de prise illégale d'intérêts dans l'affaire immobilière des Mutuelles de Bretagne, un rendez-vous attendu depuis des mois et dont ses proches se sont employés à minimiser la portée. L’information diffusée dans un premier temps par La Voix du Nord a ensuite été confirmée à l’AFP par une source proche du dossier.

L'entourage de Richard Ferrand a estimé qu'après un premier classement sans suite d'une plainte de l'association Anticor en octobre 2017, «nous assistons à la suite logique de la procédure, avec une audition qui se déroule actuellement à Lille, où le dossier a été dépaysé», précisant que Richard Ferrand abordait ce nouvel épisode «très sereinement». De même source, on souligne que «la seconde plainte déposée par Anticor, avec constitution de partie civile devant une autre juridiction, puis dépaysée, porte sur le même fondement, pour les mêmes faits, sans éléments nouveaux et par le même plaignant». L'audition libre du président de l'Assemblée nationale – que l'immunité parlementaire n'empêche pas – pourrait durer jusqu’en soirée, selon une source proche du dossier.

L'affaire des Mutuelles de Bretagne avait conduit ce fidèle de la première heure d'Emmanuel Macron à quitter le gouvernement en juin 2017. A peine nommé ministre de la Cohésion des territoires, il avait été épinglé par Le Canard enchaîné qui avait révélé qu'en 2011, les Mutuelles de Bretagne, qu'il dirigeait alors, avaient décidé de louer des locaux commerciaux appartenant à sa compagne. Richard Ferrand conteste toute irrégularité. Le procureur de Brest avait ouvert une enquête préliminaire en juin 2017, classée sans suite en octobre. Il avait alors invoqué la prescription s'agissant d'un éventuel délit de prise illégale d'intérêts et jugé que les infractions d'abus de confiance et d'escroquerie n'étaient «pas constituées».

L'idée d'une démission écartée même dans le cas d'une mise en examen

D'abord président du groupe des députés LREM, Richard Ferrand a pris la succession de François de Rugy à la présidence de l'Assemblée en septembre 2018. Richard Ferrand avait alors averti à demi-mot qu'il ne démissionnerait pas en cas de mise en examen. «Le Parlement a son indépendance. Par conséquent, les parlementaires n'ont pas à être dans la main de l'autorité judiciaire», avait-il déclaré en soulignant qu'un «certain nombre de parlementaires mis en examen» continuaient à «exercer leur mandat».

Interrogée ce 11 septembre à l'issue du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a refusé tout «commentaire avant d’avoir connaissance de l’objet de cette convocation». «Ce rendez-vous aurait dû avoir lieu il y a un an mais [Richard] Ferrand avait réussi à gagner un peu de temps en faisant dépayser son dossier à Lille. On souhaite désormais qu'il s'explique sur les faits qui lui sont reprochés et qui ne sont pas prescrits», a déclaré pour sa part à l'AFP le président d'Anticor, Jean-Christophe Picard.

Plusieurs députés de la majorité lui ont apporté leur soutien. Ainsi, Bruno Bonnell (LREM) «ne doute pas de son honnêteté» et, selon lui, «la vérité sortira sereinement». «Evidemment, il peut rester à son poste», a-t-il assuré.  Alain Tourret (LREM), avocat de profession, a renchéri auprès de l'AFP, jugeant qu'une éventuelle mise en examen n'aurait «aucune incidence». Selon lui, il n'existe cependant «aucun cas» de mise en examen d'un président de l'Assemblée.

Sur BFM TV, Sébastien Chenu, porte-parole du Rassemblement national a pour sa part estimé que Richard Ferrand était «présumé innocent» et que, quand bien même il venait à être mis en examen, «il serait toujours présumé innocent». «Que la justice fasse son boulot [...]. Cette affaire, elle devait forcément un jour ressortir. Elle ressort aujourd'hui. Eh bien, j'allais dire "wait and see"», a-t-il ajouté.

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