Invité de France Culture le 31 août le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, a affirmé : «Aujourd'hui, il y a plus de petites filles que de petits garçons qui ne vont pas à l'école maternelle pour des raisons sociétales. Et appelons un chat un chat, le fondamentalisme islamiste dans certains territoires a fait que certaines petites filles vont à l’école le plus tard possible ou avec une assiduité plus faible.» Le propos se voulait un argument en faveur de l'abaissement à trois ans de l'âge de l'instruction obligatoire, voté cet été par le Parlement.
Or selon les informations de France Info, il s'agit d'une «approximation» de la part du ministre. Des chiffres sur le sujet sont d'ailleurs communiqués par l'institution qu'il dirige, dans un rapport sur la rentrée 2018 disponible en PDF sur internet. Celui-ci précise : «Les filles sont plus nombreuses à bénéficier de la scolarisation précoce.» Dans un tableau statistique, il est indiqué que 50,3% des élèves de deux ans dans les écoles publiques et privées sont des filles. Il n'y a que dans le privé que les filles sont minoritaires parmi les enfants scolarisés de deux ans (49,2%).
J'ai en tête tel ou tel endroit de France… Même si ça n'est pas significatif statistiquement
France Info indique ne pas être parvenu à vérifier la corrélation établie par Jean-Michel Blanquer entre le fondamentalisme islamique et la non-scolarisation des jeunes enfants. Toutefois, après avoir pris attache avec le cabinet du ministre, le média rapporte que le cabinet «reconnaît l'imprécision» et le cite : «Les propos du ministre faisaient référence à des signalements que nous avons de nos équipes laïcité en académie relativement à certains quartiers.» Un début d'explication ? Difficile d'en savoir plus...
En tout état de cause, Jean-Michel Blanquer s'est engagé ce 2 septembre à la tenue d'un point laïcité à l'école «d'ici la fin du mois de septembre» et, réagissant à la nouvelle polémique, s'est défendu : «Ce n'est pas quelque chose de statistique, et même si ça concerne une dizaine de filles et pas des milliers ça doit évidemment faire partie des choses auxquelles on fait attention. Ce que j'ai dit c'est que sur le petit pourcentage d'enfants qui ne vont pas à l'école à 3 ans (2 à 3%), on observe que certaines filles n'y vont pas pour des raisons sociétales. [...] J'ai en tête tel ou tel endroit de France… Même si ça n'est pas significatif statistiquement.»