Une quinzaine de militantes féministes et musulmanes ont provoqué la fermeture d'une piscine à Paris ce 1er septembre après s'être baignées en maillot deux pièces et en burkini, pour protester contre l'interdiction de ce maillot de bain couvrant controversé. Le petit groupe a pénétré dans une piscine du XIe arrondissement et cinq femmes musulmanes se sont baignées en burkini, soutenues par d'autres militantes féministes en maillots une ou deux pièces, mais aussi des personnes transgenres et des hommes membres du collectif créé pour l'occasion, selon un journaliste de l'AFP.
«On se baignera, on se baignera ! Même si les racistes ne veulent pas, nous on se baignera !» : leurs chants militants ont été accueillis avec des regards tantôt amusés, tantôt indignés des autres nageurs. L'opération coup de poing a provoqué l'intervention des maîtres-nageurs, puis celle de la police, sans aucun heurt. Lors d'une brève altercation, un homme irrité par l'initiative a montré son sexe aux militantes.
Après une trentaine de minutes, la direction a fait fermer la piscine et les militantes sont reparties en déployant une banderole avec le slogan, «piscine pour toutes, stop islamophobie».
«Le but, c'est d'accéder à la piscine en tant que femmes musulmanes qui portons le voile», a déclaré à l'AFP Nargesse (sans donner son nom de famille), 27 ans, avant de se baigner en burkini. «On veut revendiquer notre choix de le porter et de pouvoir continuer à avoir nos loisirs sans qu'on puisse être importunées par des règlements discriminants», a ajouté la jeune femme, en dénonçant «la montée des idées islamophobes».
Dans un communiqué, le collectif a réclamé «le changement des règlements intérieurs des piscines, et l'accessibilité aux loisirs pour tous-tes». «Nos corps nous appartiennent, nous les couvrons ou les découvrons pour des raisons qui nous regardent», ont fait valoir les militantes.
Une action du même type à Grenoble mi-juin avait suscité une polémique nationale. Le Premier ministre Edouard Philippe avait estimé que les règles des piscines publiques doivent être respectées, et qu'«aucune conviction religieuse» ne pouvait être prise en compte pour y déroger. La porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye avait elle condamné «les associations à caractère communautariste» qui tentent d' «imposer» un débat sur le burkini «qui n'a pas lieu d'être».