Et si les Gilets jaunes décidaient finalement de s'enraciner dans le paysage politique en partant du premier échelon, c'est-à-dire en s'implantant dans les villes et villages français ? Alors que les divergences au sein du mouvement étaient profondes quant à la pertinence de présenter des listes lors des élections européennes, la participation – d'une manière ou d'une autre – aux municipales semble davantage faire consensus.
Et pour cause, le scrutin local apparaît en effet plus à même de coller à l'ADN d'un mouvement rassemblant des citoyens qui entendent reprendre en main leur destinée politique. Ainsi, aux quatre coins du pays, l'idée fait son chemin, sous diverses formes.
A Bagnols, dans le Gard, le Gilet jaune Jérôme Jackel entend par exemple peser sur la gestion de la municipalité en mettant en place «une plateforme participative citoyenne», comme il l'a confié début juin au média Objectif Gard. Avec un objectif en parfaite adéquation avec l'essence du mouvement : «Faire participer les Bagnolais à l’élaboration d’un projet municipal». «Chacun pourra donner ses idées, puis nous évaluerons la faisabilité des projets et nous en retiendrons une vingtaine, la base de notre programme municipal», explique-t-il. Très méfiant sur la représentation, tout comme l'est le mouvement, Jérôme Jackel n'entend pas forcément porter lui-même le projet. «Ce n’est pas moi qui vais faire la liste. Le but est d’avoir un large spectre. Elle va se dessiner toute seule», affirme-t-il.
D'autres, parmi les plus médiatisés – et controversés – du mouvement, n'hésitent pas à prendre les rênes d'une liste. C'est le cas de Christophe Chalençon, qui avait déjà emmené, contre l'avis de beaucoup de Gilets jaunes, une liste aux européennes, finalement créditée de 0,01% des voix. «Avec cinq autres mouvements citoyens, nous avons créé une plateforme pour lancer une dynamique», confie dans les colonnes du Figaro le président d’honneur d’Evolution citoyenne. S'il compte être candidat dans le village de Sault, Christophe Chalençon n'en oublie pas, avec les «agoras» ou «assemblées citoyennes» non partisanes qu'il souhaite mettre en place, de laisser une place au citoyen dans sa réflexion.
L'idée d'une plateforme collaborative destinée à discuter des problématiques locales connaît d'ailleurs un succès certain dans plusieurs villes pays. A Toulouse, la question est régulièrement évoquée lors des Assemblée générales, comme l'a confié Odile Maurin à RT France. Et si le fait de proposer une liste pour la mairie divise au sein du mouvement, une autre idée pourrait voir le jour : la mise en place d'un Conseil citoyen qui serait chargé de porter les revendications auprès des candidats à la mairie lors de la campagne, mais aussi d'interpeller les élus après coup.
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