France

«Une énorme émotion» : le sous-marin La Minerve retrouvé plus de 51 ans après son naufrage

Le sous-marin La Minerve avait coulé au large de Toulon début 1968. Des recherches ont permis de retrouver l'épave et d'apporté de l"apaisement aux familles des marins disparus. L'épave ne devrait toutefois pas être remontée à la surface.

Un demi-siècle après le drame, l'épave du sous-marin La Minerve, disparu le 27 janvier 1968 avec 52 hommes à bord, a été retrouvée au large de Toulon. «C'est un soulagement, une énorme émotion», a réagi auprès de l'AFP Hervé Fauve, le fils du commandant de La Minerve, le 22 juillet matin. «Ils étaient près de nous, pas loin. C'est un apaisement extraordinaire», a confirmé Thérèse Scheirmann-Descamps, veuve d'un des marins. 

Depuis toutes ces années, le sous-marin reposait par 2 370 mètres de fond, brisé en trois morceaux, à 18,5 milles marins (35 kilomètres) des côtes. «Certaines lettres sont encore visibles, MIN, sur le kiosque», a expliqué Hervé Fauve. 

Ils étaient près de nous, pas loin. C'est un apaisement extraordinaire

Moins d'un mois aura donc suffi pour retrouver les traces de ce bâtiment militaire, coulé en quatre minutes à peine, il y a 51 ans, alors qu'il évoluait dans la rade, pour une mission de routine. L'arrivée sur site le 16 juillet, 12 jours après la reprise des recherches, du Seabed Constructor, de la compagnie américaine privée Ocean Infinity, a permis de confirmer la localisation de l'épave. Ce navire équipé de la technologie la plus sophistiquée, dont des caméras sous-marines capables de filmer les fonds marins jusqu'à 6 000 mètres de profondeur, avait déjà permis de retrouver la trace du sous-marin argentin San Juan, disparu avec 44 hommes à bord au large de l'Argentine en novembre 2018.

Suppositions «farfelues» sur les causes du naufrage

Après une première cartographie des fonds marins établie par l'Ifremer, l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer, ce sont les drones du Seabed Constructor qui ont apporté le 21 juillet la confirmation visuelle de l'emplacement de La Minerve.

Dans un communiqué, la ministre de la Défense, Florence Parly, qui avait ordonné la relance des recherches au début de l'année, a également salué le Commissariat à l'énergie atomique (CEA), pour ses analyses des mesures sismiques enregistrées lors de la disparition du sous-marin, et le SHOM, le service hydrographique et océanographique de la Marine, qui a lui assuré la direction scientifique des recherches.

Avarie des deux barres arrière, collision avec un bateau, explosion d'un missile, d'une torpille, accident du tube d'aération : de multiples causes avaient été avancées pour expliquer l'accident.

Mais les premiers éléments permettent «d'écarter ces suppositions farfelues qui ont fait souffrir les familles, comme celle d'un problème avec les Russes, ou d'un abordage violent», a relevé Thérèse Scheirmann-Descamps depuis ce modeste pavillon de Toulon où elle vit toujours, entourée de photos noir et blanc de Jules, son mari décédé. «C'est un accident», a-t-elle assuré, même si les autorités n'avaient de leur côté donné aucune précision sur les causes de la catastrophe. En attendant le verdict des drones, qui permettra peut-être de savoir exactement ce qui s'est passé, Hervé Fauve est libéré : «Ces 52 marins avaient un peu été abandonnés.»

Charles-Henri de Ché, préfet et vice-amiral d’escadre a toutefois fait savoir ce même jour que le sous-marin ne serait pas remonté. «On ne touche pas à l'épave, c'est un sanctuaire maritime, c'est le cas pour toutes les épaves, en tout cas dans la marine nationale», a-t-il précisé.

Lire aussi : Ils étaient près de nous, pas loin. C'est un apaisement extraordinaire