France

Pour Castaner, l'intervention policière contre les écologistes était «parfaitement légitime»

Interrogé sur l'évacuation au gaz lacrymogène de militants pacifiques d'Extinction Rebellion le 28 juin par des CRS, le ministre de l'Intérieur a défendu le maintien de l’ordre public. Il a jugé l'intervention, pourtant très critiquée, légitime.

Que pense le ministre de l'Intérieur de l'évacuation controversée à grand renfort de gaz lacrymogènes de militants écologistes, en sit-in sur le pont de Sully à Paris le 28 juin ? En déplacement dans le Nord ce 2 juillet, et interviewé durant un point de presse, Christophe Castaner a estimé que l'intervention était «parfaitement régulière, parfaitement légitime».

Repoussant l'argument d'une réponse adaptée aux motivations des activistes écologistes, qui souhaitent lutter contre le réchauffement climatique, le ministre a affirmé la nécessite impérative du maintien de l'ordre public. 

«Il faut avoir en tête que la gestion de l'ordre public ne se fait pas en fonction de la cause qui est défendue. Nous étions face à une manifestation non déclarée, sur un axe de circulation majeur à Paris et bloqué, provoquant des gênes importantes pour des dizaines de milliers de personnes qui voulaient circuler», a-t-il justifié.

Ce que je sais, c'est que l'ordre public doit être respecté partout

«Il y a eu des discussions pendant deux heures pour demander aux manifestants de ne pas rester et d'occuper de façon irrégulière et illégale ce pont en gênant la circulation», a déclaré Christophe Castaner. «Ils n'ont pas entendu se déplacer. Il y a eu le respect des règles avec des sommations puis une intervention de nos forces de sécurité pour [rétablir] la libre-circulation nécessaire à Paris», a-t-il fait valoir.

Il y a eu le respect des règles avec des sommations puis une intervention de nos forces de sécurité

Si l'acte d'évacuation répondait bien aux règles en vigueur, qu'en est-il de la méthode employée, à savoir l'aspersion de gaz lacrymogène à bout portant dans les yeux des activistes assis, geste qui a offusqué une grande partie de la classe politique ? Le ministre de l'Intérieur a rapidement esquivé le sujet. «Il y a ces images, il y a les modalités qui m'ont interrogé, et j'ai demandé une enquête interne. Mais ce que je sais, c'est que l'ordre public doit être respecté partout, et quoi que l'on défende, même si la cause est noble, elle doit se faire en respectant un certain nombre de règles», a-t-il argumenté.

Les suites de l'évacuation brutale

Le parquet de Paris a annoncé avoir ouvert le 1er juillet une enquête confiée à l'IGPN, la «police des polices», après cette intervention très critiquée des forces de l'ordre. Le parquet a annoncé avoir ouvert une enquête préliminaire pour «violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique», confiée à l'inspection générale de la police nationale (IGPN). 

Les images de la dispersion ont choqué notamment dans les rangs de la gauche. Le député européen (Europe écologie - Les Verts) Yannick Jadot et le premier secrétaire du Parti socialiste (PS) Olivier Faure ont crié au «scandale». La députée France insoumise Mathilde Panot a aussi fustigé ces méthodes. Même Barbara Pompili, députée de la majorité présidentielle, s'est dite «assez choquée» par les images d'aspersion de gaz. 

Les militants visés font partie d'Extinction Rebellion, un mouvement mondial de désobéissance civile qui se fixe pour mission de lutter contre l’effondrement écologique et le réchauffement climatique, et mène des actions non-violentes dans plusieurs pays du globe. 

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