France

Mayotte : «la situation est devenue ingérable», un collectif appelle l'Etat au secours

La délinquance s'étend à Mayotte, 101e département français rattaché à l'Hexagone en 2011. Des bandes rivales s'affrontent et les locaux tentent d'alerter le gouvernement qui, selon eux, ne les entend pas.

Le Collectif des citoyens de Mayotte alerte dans une publication Facebook du 19 juin au sujet du retour de la flambée de délinquance sur l'île devenue département français en 2011 : «Le Collectif des citoyens de Mayotte est consterné par la gravité des événements qui se sont déroulés à Passamainty mais aussi par ce qu'ils révèlent de la détérioration de la situation sécuritaire sur notre île [...] Un an après les mouvement sociaux qui ont secoué notre île et les vaines promesses du gouvernement, Mayotte vit à nouveau dans la terreur avec le retour des bandes violentes.»

Le Collectif exige des actions immédiates : «Nous ne nous satisferons pas d'une communication préfectorale bâclée, d'une mobilisation en catastrophe des forces de l'ordre alors que le non-droit s'installe à Mayotte. [...] Le 101ème département de Mayotte ne peut être abandonné au crime et à la violence, nous ne pouvons continuer à vivre dans la peur.»

Au cœur du ras-le-bol des Mahorais, le retour d'un chef de bande supposé nommé Azada lias Azikoff qui est revenu sur l'île après avoir passé cinq années aux Comores. Ce dernier a été appréhendé en avril lors de son retour, mais il a ensuite été relâché sur ordre du procureur de la République, Camille Mansioni. Le Collectif des citoyens de Mayotte réclame des sanctions contre ce dernier et son départ.

A en croire une source proche des associations contactée par RT France, qui a souhaité garder l'anonymat, le problème endémique de la violence sur l'île est lié à l'immigration très importante venue des Comores et n'est, de surcroît, pas récent : «Ce phénomène de violences dure depuis des années. En 2018, le mouvement populaire de Mahorais a permis d'attirer l'attention des médias sur cette insécurité qui culmine depuis 2015 avec l'arrivée de migrants comoriens en très grand nombre. Ces gamins se sont retrouvés livrés à eux-mêmes, leurs mères étant parfois renvoyées dans leur pays. Ce sont ces gosses qui ont grandi et qui sont livrés à eux-mêmes sur le territoire, dans des no man's land

Nous ne nous sentons pas du tout entendus par Paris, nous nous sentons totalement abandonnés

La source contactée par RT France souligne que des Mahorais ont décidé en 2018 d'expulser des Comoriens par eux-mêmes, sans attendre davantage des autorités et elle détaille : «Les communautés de Comoriens ont également réagi en montant des comités de sécurité composés de volontaires. Ils se faisaient appeler "les Gilets jaunes", avant l'heure ! Grâce à ces comités qui faisaient de la prévention des violences, celle-ci s'étaient calmées, mais l'Etat a décidé de les dissoudre. A la place, il a été créé des groupes appelés les "maillots jaunes", mais ces derniers sont composés de Comoriens qui ont obtenu des papiers. Or ces personnes ne peuvent pas entrer dans les no man's lands des sans papiers donc ça ne sert à rien. Du coup, les jeunes qui provoquaient les violences ont repris du poil de la bête.»

Cette même source reconnaît une certaine action de l'Etat français, mais elle estime qu'elle est inopérante : «La situation est devenue ingérable avec des agressions dans les écoles notamment, un jeune s'est fait poignarder la semaine dernière dans un collège [le 18 juin], un homme s'est fait couper le pied à la machette. [...] La pression du gouvernement s'exerce surtout sur les sans-papiers, mais le vrai problème provient surtout de ces jeunes qui ne sont pas expulsables.»

Et de conclure : «Nous ne nous sentons pas du tout entendus par Paris, nous nous sentons totalement abandonnés.»

Au cours du mois de juin, les violences se sont encore accrues et certains épisodes ont défrayé la chronique au fil de rixes entre bandes rivales avec de graves blessures à l'arrivée. Armés de machette, de bâtons cloutés ou encore de battes de base-ball, des assaillants ont notamment semé la terreur dans la ville de Mamoudzou. Un gang qui s'est baptisé brigade anti-BAC («BAB») a mené des expéditions punitives contre des rivaux, et défié les forces de l'ordre. La chaîne locale de France Télévision Mayotte La Première a rapporté sur son site le 16 juin que la «bande de jeunes» avait grièvement blessé deux personnes à coups de machette. L'une d'elle a eu le pied tranché tandis que l'autre a eu le corps lacéré. Le lendemain, le 17 juin, la brigade anti-Bac a tabassé à coups de batte de base-ball un adolescent de 16 ans.

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