France

Opposée à la «PMA pour toutes», la députée Agnès Thill exclue de LREM pour des propos «blessants»

Le parti présidentiel a décidé d'exclure la député Agnès Thill, farouche opposante au projet gouvernemental d'étendre la PMA à toutes les femmes, pour ses propos «polémiques» jugés «blessants» à l'égard des familles monoparentales et homoparentales.

La députée Agnès Thill, farouche opposante au projet gouvernemental d'étendre la PMA (procréation médicalement assistée) à toutes les femmes, a été exclue le 26 juin de La République en marche, en raison de «propos polémiques» et «pernicieux». Une sanction qu'elle a jugée «scandaleuse».

Déjà rappelée à l'ordre, l'élue de l'Oise de 55 ans n'a cette fois-ci pas échappé à la sentence ultime de la commission des conflits du parti présidentiel que réclamaient plusieurs membres du gouvernement, de la majorité parlementaire et des associations LGBT.

C'est uniquement mes pensées différentes sur la «PMA pour toutes» qui valent mon exclusion

«Ces propos sont préjudiciables à la cohésion du mouvement et nuisent à son image», a estimé la commission qui, en février, n'avait adressé qu'une simple «mise en garde» à celle qui voulait incarner une «voix dissonante» au sein de la majorité sur la PMA. L'instance a en outre déploré des «propos blessants» à l'égard des familles monoparentales et homoparentales. 

«La procédure est scandaleuse [...] Il n'y a rien dans ce dossier qui justifie de mon exclusion. Cela s'appelle un délit d'opinion que je contesterai», a réagi dans les couloirs du Palais Bourbon Agnès Thill, jugeant l'attitude de son mouvement «sectaire». Son avocat, Richard Sebban, avait évoqué le 25 juin la possibilité d'engager «une saisine du tribunal de grande instance pour demander sa réintégration» en cas d'exclusion, après l'audition de sa cliente par la commission pendant près de deux heures. «C'est uniquement mes pensées différentes sur la "PMA pour toutes" qui valent mon exclusion. Et que l'on ne vienne pas me dire : "Non c'est la façon dont vous le dites"», estime l'ancienne directrice d'école qui tire à boulets rouges depuis des mois sur l'ouverture de la PMA aux couples lesbiens et aux femmes seules, une promesse du candidat Macron.

Une exclusion précédée de plusieurs mises en garde

Souffrance des femmes seules ayant recours à la PMA comparée à celle de «drogués», existence d'un «puissant lobby LGBT» au Palais Bourbon et «absence de genre dans le mot parent» qui «favorise[rait] l'éclosion d'écoles coraniques»... Agnès Thill a nourri la controverse à plusieurs reprises sans pour autant perdre sa place au sein d'En Marche.

Mais depuis la dernière mise en garde du parti, d'autres propos ont provoqué l'exaspération de quelques collègues députés qui ont menacé de quitter LREM si elle n'était pas exclue.

En avril, reprenant un article du magazine Têtu qui faisait part du «coming out médiatique» du secrétaire d'Etat Gabriel Attal sur son homosexualité et son désir de paternité, Agnès Thill avait tweeté : «Au moins la couleur est annoncée. #bioéthique en juin». «Chacun de tes tweets t'éloigne de ce que nous sommes», lui avait répondu le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.

Une interview publiée le 5 juin dans le magazine L'Incorrect avait aussi dérangé. Elle y affirmait que la révision des lois de bioéthique «rester[ait] dans l'histoire comme celle qui aur[ait] évincé les pères de la naissance et de l'éducation des enfants».

Le projet de révision des lois de bioéthique, qui inclut la PMA pour toutes», doit être présenté en Conseil des ministres en juillet puis examiné par le Parlement fin septembre. Et ce, avec une «liberté de vote» pour les «marcheurs», a promis le délégué général de LREM Stanislas Guerini. Le chef de file des «marcheurs» à l'Assemblée Gilles Le Gendre proposera le 27 juin au bureau du groupe parlementaire son exclusion, «dans le prolongement» de la décision de la commission des conflits.

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