La polémique enfle autour de la députée LREM Agnès Thill. Après avoir provoqué l'indignation de plusieurs membres du parti macroniste, c'est désormais au tour de plusieurs personnalités de demander l'exclusion de la parlementaire.
Consternation de la population LGBTI
«Mme Agnès Thill [...] continue à se faire davantage remarquer par ses sorties lesbophobes et homophobes sur les réseaux sociaux que par son action parlementaire», peut-on lire dans une lettre ouverte publiée par les organisations Urgence Homophobie et Stop Homophobie, co-signée notamment par l’humoriste Muriel Robin et les comédiennes Marianne James et Véronique Genest.
«Consternation de la population LGBTI», peut-on lire plus loin dans la lettre adressée à Stanislas Guérini et Gilles le Gendre, respectivement patrons du parti LREM et président du groupe analogue à l'Assemblée nationale, qui se conclut par une demande d'exclusion de la députée.
Une parlementaire à contre-courant
Agnès Thill maintient de longue date son opposition, malgré les critiques qui émanent de son camp, à l'élargissement de la procréation médicalement assistée (PMA) pour toutes les femmes, et pas seulement pour les couples hétérosexuels souffrant d'infertilité.
Le 26 avril, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a affirmé sur RMC-BFM que la «PMA pour toutes» serait entérinée avant l'été dans le cadre de la loi de bioéthique.
Est-ce que ça veut dire qu'un père ne sert à rien ?
«Est-ce que je dois institutionnaliser le fait que des enfants n'aient pas de père ? [...] J'en ai vu des enfants sans père, toute ma carrière [d'institutrice et de directrice d'école] et oui, ils souffrent. Est-ce que ça veut dire qu'un père ne sert à rien ?», avait notamment expliqué la parlementaire au micro de RMC en janvier dernier pour justifier son inflexibilité sur la question.
Polémique relancée
Plus récemment, ce sont plusieurs tweets, dont un concernant le secrétaire d'Etat Gabriel Attal, qui a laissé entendre dans une interview à Libération qu'en tant qu'homosexuel, il pourrait avoir recours à une gestation médicalement assisté (GPA) «éthique» pour avoir un enfant si cette pratique, à laquelle Emmanuel Macron est opposé, était légalisée en France.
«Au moins, la couleur est annoncée. [Bioéthique] en juin», avait-elle commenté le 24 avril, en joignant un article du magazine LGBT Têtu faisant référence à cette interview.
Elle est depuis revenue sur ses propos, expliquant que la modification du sous-titre de l'article par la rédaction de Têtu «change tout».
«Les couples homosexuels ou femmes seules sont dans des situations différentes des couples hétérosexuels. Il n’y a pas d’égalité entre des situations différentes», avait-elle déclaré par ailleurs dans un tweet précédent, en réaction à une tribune publiée par les coprésidents de l'association SOS homophobie, qui pointait du doigt l'«égalité inachevée» du mariage gay légalisé en 2013.
Condamnations de toutes parts chez LREM
Le chef des députés LREM, Gilles Le Gendre, n'a pas tardé à condamner ces propos : «Vouloir comparer couples homosexuels et hétérosexuels est aussi insensé que comparer deux couples hétérosexuels», s'est-il indigné sur le réseau social.
D'autres n'ont pas hésité à demander l'exclusion de la parlementaire, comme le député de l'Essonne Cédric Villani.
Même son de cloche du côté de son concurrent pour l'investiture LREM à la mairie de Paris, Mounir Mahjoubi, qui souhaite voir le député quitter la majorité.
«Trop c'est trop», s'est indigné de son côté l'ancien porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux.
«Chacun de tes tweets t’éloigne de ce que nous sommes, de nous, mais pire, ils t’éloignent des valeurs que tu penses servir», l'a pour sa part sermonnée le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.
Agnès Thill avait déjà été prise pour cible par 16 de ses collègues qui avaient demandé sans succès son exclusion, pour ces mêmes raisons, début mars dans une tribune intitulée L'homophobie et le sexisme à En marche : dehors !