Ce 11 juin, les personnels soignants des hôpitaux publics, à l'appel de l'intersyndicale des fédérations CFE-CGC, CGT, FO et SUD, se sont rassemblés devant le ministère de la Santé à partir de 11h30.
Ce même jour, le ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn défend devant le Sénat le projet de loi contesté «Ma Santé 2022», qui promet entre autres une «mission de refondation» des services d'urgences ainsi que des réformes visant, selon l'exécutif, à lutter contre la désertification médicale.
Les manifestants demandent l'abandon de ce projet de loi, mais également diverses mesures concrètes : davantage de lits d'aval, l'arrêt des fermetures de sites et l'ouverture de négociations nationales immédiates sur les services d'urgences.
Tom, infirmier aux urgences, interviewé par RT France, dénonce la pénurie de personnel, la qualité de prise en charge des patients en baisse et l'épuisement des soignants.
«Il n'y a plus de place dans les services, les patients attendent longtemps sur des brancards, des heures, 6, 8, 12h, parfois plus [...] Chaque année, il y a un accroissement de la population aux urgences, c'est de pire en pire, il n'y a pas de hausse de personnel [...] Faire des journées de 12h, avec des patients agressifs, être réquisitionnés [...] au bout d'un moment ça va être compliqué de venir travailler», explique-t-il.
Didier Birig, secrétaire général de Force ouvrière (FO), rejette les fondements de la loi actuellement en discussion au Sénat : «Nous avons à maintes reprises prévenu la ministre de la Santé de l'état catastrophique des structures de soins, et elle ne répond pas aux revendications des personnels [...] Cette loi Santé va aggraver la situation.»
«Aujourd'hui, ce sont les services d'accueil d'urgence qui sont en tension, mais ce sont tous les hôpitaux qui sont malades», remarque Rose-May Rousseau, secrétaire générale de l’union syndicale CGT de l’Assistance Publique, au micro de RT France.
Cette loi santé va aggraver la situation
«Lorsqu'on a sous-dimensionné les effectifs, les moyens, et qu'on continue dans une politique où l'on a de plus en plus de besoins, mais de moins en moins de moyens alloués à l'hôpital public, on arrive fatalement à des drames», ajoute-telle. «Rester 48h sur un brancard, c'est inacceptable, ce n'est pas digne d'une société telle que la nôtre», conclut la syndicaliste.
La loi sur la réforme de la Santé à l'épreuve du Sénat
La loi a déjà été approuvée par l'Assemblée nationale et est débattue dans l'autre chambre du parlement en vue d'être adoptée après une semaine d'examen du texte en première lecture. Après le vote solennel des sénateurs ce 11 juin, députés et sénateurs tenteront ensuite, le 20 juin, de se mettre d'accord sur une version commune.
Au programme, le gouvernement veut notamment mettre en place une réforme des études de santé pour pallier le manque de médecins, avec la suppression du numerus clausus, la labellisation de 500 à 600 «hôpitaux de proximité», une régularisation de médecins étrangers, un accès élargi aux données de santé et la création d'un espace numérique de santé. Des mesures jugées insuffisantes par les syndicats.
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