France

Européennes : le Rassemblement national en tête... y compris dans les prisons

Pour la première fois, des détenus n'ayant pas été privés de leurs droits civiques ont été autorisés à voter par correspondance, à l'occasion des élections européennes. La liste du RN s'avère avoir bénéficié de cette promesse d'Emmanuel Macron.

Les détenus ayant voté par correspondance aux européennes – une première au sein des prisons françaises – ont placé en tête la liste Rassemblement national (RN) comme à l'échelle nationale, selon les résultats proclamés le 26 mai au soir au ministère de la Justice. Pour ce vote inédit organisé du 20 au 22 mai dans 165 des 188 établissements pénitentiaires de métropole et d'Outre-Mer, le taux de participation s'élève à 84,78%. 

Sur les 5 184 détenus admis au vote, les suffrages exprimés via ce dispositif se sont élevés à 4 053.

La liste RN est arrivée en tête avec 956 voix, soit 23,6%, suivi de LFI (798 suffrages, 19,7%). Loin derrière, les listes de la majorité présidentielle Renaissance (9%) et EELV (8,9%) sont au coude-à-coude. La liste de l'ex-candidat PS de la présidentielle Benoît Hamon (5,1%) se place en cinquième position, devant celles d'Urgence écologie et de Place publique. 

Florian Philippot (Les Patriotes) et François Asselineau (UPR), deux partisans d'une sortie de la France de l'Union européenne, obtiennent respectivement 2,6% et 2,4%. Le souverainiste de droite Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) en recueille 2,3%. 

Les deux listes issues du mouvement des Gilets jaunes totalisent 120 voix, dont 102 pour la seule «Alliance jaune» menée par le chanteur Francis Lalanne  (2,5%).  Avec 77 suffrages, la liste Les Républicains n'arrive qu'en treizième position avec 1,9%.

Au niveau national, la liste du RN recueille 23,31% des voix et celle de Renaissance 22,41%, selon les résultats centralisés par le ministère de l’Intérieur pour les élections européennes, au matin du 27 mai.

Un exercice inédit permis par la majorité présidentielle

Promesse d'Emmanuel Macron pour faciliter le vote des détenus qui n'ont pas été déchus de leurs droits civiques, cette nouvelle modalité a été introduite par la loi de programmation et de réforme pour la justice du 23 mars.  

Elle s'ajoute aux deux existantes, le vote par procuration ou le vote lors d'une permission de sortir. Plus difficiles à mettre en oeuvre, ces modalités ne se sont jamais traduites par des taux importants de participation. Lors de la présidentielle de 2017, 809 détenus avaient pu faire une procuration pour voter et 200 s'étaient vu accorder une permission de sortir. 

Fait insolite, à ce sujet, rapporté par Sud Ouest : un prisonnier du Centre de détention d’Eysses (Lot-et-Garonne) qui purgeait une peine pour proxénétisme, est parti voter pour les élections européennes le matin du 26 mai... et n’est jamais revenu. On ignore s'il a voté ou pas.

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