Manuel Valls débute-t-il son testament politique ? Alors que l'ancien Premier ministre français est en passe de perdre son pari ibérique – il devrait faire pâle figure lors des élections municipales barcelonaises ce 26 mai, stagnant à 12% des voix (en 4e position) selon plusieurs sondages – il s'est livré dans les colonnes de l'Obs à un réquisitoire contre François Hollande.
Il a notamment égratigné l'ancien adversaire de Nicolas Sarkozy en 2012 en qualifiant son élection de «malentendu», lui attribuant par là la longue descente aux enfers du Parti socialiste. Selon lui, «le PS était mort», et l'ancien locataire de l'Elysée aurait cloué le cercueil de sa formation politique alors qu'il eut fallu «tout péter, tout casser», a-t-il estimé, précisant : «Il ne l’a pas fait. Au fond, dès l’automne 2012, il ne pouvait plus se représenter.»
Lors du débat face à Hamon, je savais que cette histoire était finie
A titre personnel, Manuel Valls admet également une erreur politique. Celui qui se serait bien vu calife à la place du calife regrette profondément d'avoir participé à la primaire socialiste, où il s'est retrouvé face à Benoît Hamon – qui finira avec un score de 6% à l'élection présidentielle, le plus faible score obtenu par la gauche socialiste depuis Gaston Defferre en 1969.
«C’est LA vraie erreur que j’ai commise, mais qui était impossible à éviter une fois qu’Hollande a annoncé qu’il n’y allait pas», concède le natif de Barcelone, ajoutant : «Lors du débat face à Hamon, je savais que cette histoire était finie.» A refaire, il se rêve une destinée à la Emmanuel Macron s'il s'était présenté en-dehors de tout cadre politique prédéfini.
Alors qu'il fait savoir qu'il ne tentera aucun come-back en France et que la défaite électorale qui se profile à Barcelone mettra donc un terme à sa carrière politique, il confie être heureux de s'être extrait de la politique française : «J’étais oppressé. J’avais envie d’autre chose, de partir. J’ai retrouvé de l’air. Je voulais changer de vie. Mais prendre la décision de quitter un pays où vous avez étudié, milité, qui vous a tout donné, n'a pas été facile.» Fatigué, l'ancien ministre de l'Intérieur laisse enfin percevoir le spleen qui l'accompagnait lorsqu'il a été élu député sous l'étiquette macroniste en 2017 : «Je ne veux plus être le hamster qui tourne dans sa roue. Sinon je serais resté en France, à attendre que Collomb parte et qu’on m’appelle, ou que Castaner se casse la gueule et qu’on m’appelle.»
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