Dans un contexte tendu pour la liste de la majorité présidentielle, que les sondages donnent au coude-à-coude avec (voire battue par) la liste du Rassemblement national (RN) à quelques jours du scrutin européen, Emmanuel Macron a décidé de monter au créneau. Dans un entretien publié le 21 mai par une quarantaine de quotidiens régionaux – mais refusé par deux d'entre eux, qui s'opposent à sa relecture par l’Elysée – le président de la République dit ne plus vouloir être un «spectateur», mais «un acteur de cette élection européenne».
«Si, en tant que chef de l’Etat, je laisse se disloquer l'Europe qui a construit la paix, qui a apporté de la prospérité, j'aurais une responsabilité devant l'histoire», déclare sans ambages Emmanuel Macron, qui remplace déjà la tête de liste de Renaissance Nathalie Loiseau sur une affiche de campagne.
Et, comme Nathalie Loiseau elle-même, le président de la République brandit une supposée menace étrangère comme argument électoral. Mais cette fois, les supposés périls extérieurs, qui justifieraient un vote en faveur de la majorité présidentielle, ne se limitent pas aux Russes. Emmanuel Macron en effet affirme voir «pour la première fois une connivence entre les nationalistes et des intérêts étrangers» pour démanteler l'Europe, et évoque le «lobbyiste proche du pouvoir américain» Steve Bannon. Une manière de cibler la liste du RN, que cet ancien conseiller du président américain Donald Trump soutient ouvertement. La présidente du RN Marine Le Pen, de son côté, martèle que Steve Bannon ne joue «aucun rôle dans la campagne».
Le chef d'Etat s'en est également pris aux «Russes et quelques autres» qui selon lui «n'ont jamais été à ce point intrusifs pour financer, aider les partis extrêmes». Il a néanmoins souligné ne pas confondre «les Etats et certains individus», même si, assure-t-il, «les groupes d’influence américains ou les oligarques russes affichent des proximités avec les gouvernements».
Dans une campagne européenne où les programmes et projets pour l'Europe peinent à faire parler d'eux, le double repoussoir des «intérêts étrangers» et des «nationalistes» brandi par le camp présidentiel suffira-t-il à mobiliser les électeurs ? Réponse le 26 mai.