Le thème de l'immigration et les questions relatives à l'islam, qui traversent les Etats membres de l'Union européenne, n'ont pas échappé aux listes de droite en France. Ces sujets figurent sur plusieurs programmes en vue des élections européennes du 26 mai, mais six listes se distinguent particulièrement pour en avoir fait un axe central de leur discours politique. Les listes du Rassemblement national (RN), de Debout la France (DLF), des Patriotes, de la Ligne claire de Renaud Camus, des identitaires de «La Reconquête» et des royalistes mettent l'accent sur ces problématiques dans leurs programmes respectifs.
La Ligne claire de Renaud Camus
La liste la plus focalisée sur les sujets migratoires et identitaires est sans doute celle portée par l'écrivain Renaud Camus, se présentant comme opposée au «grand remplacement» – thèse controversée qu'il a d'ailleurs lui-même développée, et qui renvoie au remplacement des populations autochtones européennes par des populations extra-européennes.
Le programme qu'il défend avec sa liste baptisée la Ligne claire pour les élections européennes propose non seulement l'«arrêt immédiat de toute immigration» et le «démantèlement généralisé, sur l’ensemble du territoire européen, des dispositifs d’appel d’air migratoire», mais aussi un «grand retournement de l’invasion migratoire, la remigration». Sur le plan identitaire, qu'elle lie directement à la question de l'immigration, la Ligne claire réclame une liste de prénoms autorisés dans chaque pays européen et, ciblant tout particulièrement la religion islamique, l'interdiction de l’abattage rituel halal en Europe ainsi que la mise sous tutelle par la puissance publique, dans chaque Etat membre, du culte musulman – entre autres.
Rassemblement national : «Prenez le pouvoir»
Au coude-à-coude avec la liste de la majorité présidentielle selon les sondages, la liste du Rassemblement national (RN) menée par le jeune Jordan Bardella et intitulée «Prenez le pouvoir» prône une refonte des institutions européennes et accorde une importance particulière à la question des frontières. La liste de l'ancien Front national propose dans son programme de rétablir les contrôles aux frontières nationales et veut l'arrêt de l'immigration légale. Pour «dissuader» les étrangers d'immigrer en France, le RN avance une batterie de mesures incluant l'accès aux aides sociales réservé aux Français ou le refus du «laxisme» dans l'octroi de l'asile.
Par ailleurs, la liste de Jordan Bardella veut abroger la directive sur le travail détaché et sortir de «la logique de libre circulation de Schengen».
En outre, afin de «gagner la guerre contre l'islamisme», thématique liée chez ce parti à la question des frontières, la liste du RN prône l'expulsion des «islamistes étrangers» et la fermeture des «mosquées radicales».
«Ensemble Patriotes et Gilets jaunes», avec Florian Philippot
L'ancien bras droit de Marine Le Pen et fondateur des Patriotes, Florian Philippot, présente également une liste : «Ensemble Patriotes et Gilets jaunes : pour la France, sortons de l'Union européenne !», annonce cette proposition politique, qui intègre des Gilets jaunes. Comme le RN, la liste souverainiste réclame la fin de la directive sur le travail détaché, mais estime qu'il faudrait alors en passer par la sortie de l'Union européenne. Les Patriotes veulent aussi le retour des frontières nationales, notamment pour lutter «contre l'immigration massive» et citent le contre-exemple de l'actuel gouvernement italien.
Selon cette liste, «en dépit de paroles "fortes" du gouvernement italien, les chiffres de l’immigration ne changent quasiment pas». Afin de parvenir à contrer cette «immigration massive», «Ensemble Patriotes et Gilets jaunes» propose donc de sortir de l'UE, les accords de Schengen empêchant, selon son programme, le retour à toute frontière nationale.
Contrairement à la plupart des autres listes anti-immigration, celle-ci n'évoque pas dans son programme ni l'islamisation ni l'islamisme.
«Courage de défendre les Français», de Nicolas Dupont-Aignan
Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France (DLF) mène une liste commune avec le Centre national des indépendants et paysans (CNIP), qui proclame son «Courage de défendre les Français». Selon son programme, la liste veut supprimer les accords de Schengen pour «contrôler enfin nos frontières nationales [et] lutter contre la submersion migratoire». La liste propose également de «mobiliser les forces maritimes nationales pour détruire les réseaux de passeurs et raccompagner les clandestins dans leur pays d'origine.»
Les autres propositions de cette liste traduisent également une posture souverainiste très opposée à l'immigration : «Installer des centres de réfugiés aux frontières extérieures de l'Europe, rendre aux Etats le contrôle exclusif de leur politique migratoire, expulser systématiquement les clandestins et les criminels étrangers, renforcer les critères d’assimilation pour les naturalisations, suspendre l’immigration familiale et instaurer un délai de carence de cinq ans pour l’octroi des aides sociales». En outre, afin de stopper «l’immigration massive des pays africains», la liste de Nicolas Dupont-Aignan entend «conditionner un plan de développement agricole et économique durable du continent au maintien des habitants dans leur pays respectif.»
Enfin, «Courage de défendre les Français» se veut intraitable contre «tout communautarisme et multiculturalisme», en «reven[ant] à la laïcité et à l’assimilation».
«Une France royale» et la «Liste de la reconquête»
Deux autres listes moins connues se proposent de lutter contre la pression migratoire en France. La liste royaliste «Une France royale au cœur de l'Europe» menée par Robert de Prévoisin veut «définir de vraies frontières européennes» et «arrêter le flux migratoire».
Une autre liste minoritaire qui a placé le combat contre l'immigration au cœur de ses ambitions est celle menée par Vincent Vauclin, président de Dissidence française, mouvement qui se veut «à la fois national et social». Cette «liste de la Reconquête», comprenant des «nationalistes» et «patriotes venus de tous les horizons», prône le rétablissement permanent des frontières nationales ainsi que la suppression du droit du sol, du droit d’asile et du regroupement familial. Tout comme la liste menée par Renaud Camus, la «liste de la Reconquête» évoque le «grand remplacement» et inclut dans ses projets l'«organisation du retour des immigrés dans leurs pays d’origine».
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