En amont du 52e Congrès de la CGT, qui se tient du 13 au 17 mai 2019 à Dijon, son secrétaire général, Philippe Martinez, s'est exprimé ce 12 mai lors d'une conférence syndicale internationale, organisée dans la capitale de la Bourgogne par sa confédération.
Avec le phénomène de migration, de migrants, qui existe aujourd'hui en Europe, je trouve que le syndicalisme ne va pas toujours dans le bon sens
Comme le rapporte l'AFP, lors de son intervention, le syndicaliste a entre autres appelé ses homologues européens «à lutter, en tant que syndicalisme, contre tout repli nationaliste», dénonçant ce qui correspond à ses yeux à «une dérive [consistant à se dire] "Chez nous, c'est pas si mal que ça, on verra à s'occuper des autres plus tard"». «Avec le phénomène de migration, de migrants, qui existe aujourd'hui en Europe, je trouve que le syndicalisme ne va pas toujours dans le bon sens», a-t-il poursuivi.
A la veille du Congrès de sa confédération, mais aussi à l'approche des élections européennes, Philippe Martinez a par ailleurs dénoncé le fait qu'à ses yeux, les relations internationales des syndicats étaient actuellement «trop organisées selon le rythme des Etats».
«Identifier l'Europe comme protectrice et pas comme une menace pour les travailleurs» ?
Ces propos critiques à l'égard du «repli» sur le cadre national confortent des positions défendues ces dernières années par le syndicat sur l'intégration européenne, l'internationalisme ou encore la gestion des flux migratoires. En tout état de cause, selon une récente analyse du document préparatoire du Congrès, rédigée par l'ancien responsable international de la CGT Jean-Pierre Page et le rédacteur en chef du mensuel Ruptures Pierre Lévy, la direction de la CGT appellerait aujourd'hui à «identifier l'Europe comme protectrice et pas comme une menace pour les travailleurs».
Déboussolée par le mouvement des Gilets jaunes, la direction de la CGT avait dans un premier temps tenu à maintenir des distances vis-à-vis du mouvement citoyen. En amont de la première journée de mobilisation du 17 novembre 2018, Philippe Martinez avait notamment déclaré : «Impossible d'imaginer la CGT défiler à côté du Front national». Près de trois mois plus tard, le secrétaire général de la CGT se montrait toutefois plus ouvert. «Avec les Gilets jaunes, on a fait connaissance», déclarait-il au micro d'Europe 1, le 5 février 2019.
Dans ce contexte de contestation sociale inédit, que la CGT semble avoir eu des difficultés à aborder, en décembre 2018, la Confédération générale du travail perdait sa place de premier syndicat français, détrônée par la CFDT.
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