«Je fais ce que j’ai dit !» : cette phrase aux allures de maxime a maintes fois été prononcée par Emmanuel Macron lors de ses premières interviews télévisées en tant que chef de l'Etat. Le président, élu le 7 mai 2017, voulait ainsi montrer aux Français, lassés des promesses non-tenues, sa différence avec ses prédécesseurs. Peine perdue, l’actuel président de la République, a également été contraint de renoncer à certains de ses engagements de campagne. Comme le note le site «Lui Président» de l'école supérieur de journalisme (ESJ) de Lille, qui a recensé 397 promesses du l’ex-patron d’En Marche!, une douzaine d’engagements ont été sacrifiés depuis sa prise de fonction, le 14 mai 2017.
Renoncements en cascade
Dès la composition du gouvernement, le 17 mai 2017, une promesse de campagne est enterrée. Alors qu’il avait promis la création d'un ministère plein et entier des Droits des Femmes, celui-ci n’apparaît pas à l’annonce de l’équipe gouvernementale. A la place, un secrétariat d'Etat à l'Egalité des femmes et des hommes est créé.
Un prélude à plusieurs renoncements notables. Le respect du vote en faveur de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, l’instauration d’un tribunal de première instance dans chaque département, la création d’un «chèque syndical» pour les salariés, l'obligation pour chaque candidat à une élection de présenter un casier judiciaire vierge ou encore la réduction de la part du nucléaire dans la production d’électricité française de 75% à 50% d’ici 2025 : ces anciens engagements du chef de l’Etat ont progressivement enrichi la liste des promesses délaissées.
Par ailleurs, alors qu’il avait promis de porter l’aide publique française au développement pour 2017 à hauteur de 0,7% de la production nationale, celle-ci a finalement été portée à 0,55% d'ici 2022.
Le grand débat national, une autre grande promesse sans lendemain ?
En janvier dernier, dans sa lettre posant le cadre du grand débat national, Emmanuel Macron énumérait les questions qu'il comptait poser aux Français, afin de trouver des solutions concrètes face sur la crise pluridimensionnelle mise en lumière par le mouvement des Gilets jaunes.
Le 25 avril, lors de sa conférence de presse de présentation ses conclusions, le chef de l'Etat a dévoilé quelques uns de ses arbitrages censés mettre fin au mécontentement populaire.
S'il a annoncé quelques mesures concrètes comme la réindéxation sur l'inflation en 2020 des retraites «de moins de 2 000 euros» ou le renforcement du droit de pétition local, via «une forme de droit d'interpellation des élus au-delà d'un certain seuil», il a refusé de satisfaire les grandes revendications exposées par le mouvement citoyen comme le fameux référendum d'initiative citoyenne (RIC). Et ce malgré le fort engouement (au-delà des Gilets jaunes) des Français pour cette mesure : selon une enquête d'opinion de janvier en effet, 80% des sondés souhaitaient sa mise en place.
Aussi, la légitimité des résultats issus de la plateforme en ligne du grand débat national a été contestée par nombre de politiques de l'opposition, dans la mesure où elle a été investie par des trolls qui ont multiplié les contributions.
Enfin, le grand débat tant défendu par l'exécutif a débouché sur nombre de vœux – pour l'instant – pieux : instauration d'une véritable «justice fiscale», augmentation du nombre de «fonctionnaires sur le terrain», consolidation d'une «vraie République décentralisée».
Dans sa lettre aux Français précédant l'instauration du grand débat, Emmanuel Macron écrivait : «Vos propositions permettront [...] de bâtir un nouveau contrat pour la Nation, de structurer l’action du Gouvernement et du Parlement, mais aussi les positions de la France au niveau européen et international». Une énième promesse qui s'avère délicate à tenir ?